Tchad : Accord de paix entre le président Idriss Deby et le chef rebelle Mahamat Nour


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L’Etat tchadien et le chef rebelle Mahamat Nour, qui fut considéré comme l’opposant le plus menaçant pour le régime d’Idriss Deby, ont conclu dans la nuit de dimanche à lundi, à Tripoli, un accord de paix sous l’égide de Mouammar Kadhafi.

Par Safi Félé

Le cessez-le-feu entre le numéro un du régime tchadien et Mahamat Nour, l’un des chefs rebelles, pourrait marquer la fin d’une vague de violences qui s’était intensifiée depuis 2004. Selon les Nations Unis, en novembre de cette année, environ 300 personnes ont été tuées au cours d’attaques dans plus de 70 villages dans l’est du pays, près des frontières soudanaises et centrafricaines. Et au moins 350 sont mortes en avril 2006 durant l’assaut des troupes de Mahamat Nour sur N’djamena.

Le pacte de Tripoli (Libye) a pour objet : d’amnistier les membres des factions rebelles, d’intégrer dans l’armée régulière une partie des combattants rebelles, et la mise en place d’un dispositif pour le retour et l’accueil des réfugiés. Le pacte a trois mois pour être mis en place. Les autres groupes de rebelles ont un délai d’un mois pour y apposer leur signature.

Les deux acteurs du cessez-le-feu se sont serré la main en présence de leur hôte Mouammar Kadhafi qui, ces dernières années, s’est fait le médiateur de nombreux conflits sur le continent.

Mahamat Nour a remercié Allah au micro des journalistes pour leur avoir permis d’arriver à cet accord. De son coté, Idriss Deby s’est déclaré satisfait, car, d’une part, « la paix est la solution » et, d’autre part, « le ralliement du chef de la rébellion représente une victoire pour le gouvernement tchadien », comme l’affirme un proche du régime.

Une victoire de gagnée mais pas la guerre

Si Mahamat Nour a jugé bon de s’aligner du coté de la paix et du dialogue, les autres groupes rebelles ne l’entendent pas de la même oreille. « Nous avons privilégié l’accord militaire car il y a urgence militaire sur le terrain. Il faut en finir avec le régime Deby Itno au pouvoir depuis 1990 » estime Yaya Dillo porte-parole de la coalition RaFD-CNT.

En effet, les trois principaux groupes rebelles tchadiens en activités ont signé lundi, à Hadjer Marfaïn, à l’extrême sud est du Tchad, à proximité de la frontière soudanaise, un « accord de coordination militaire » destiné à mener leurs opérations à partir d’un même état-major.

La coalition regroupe le rassemblement des forces démocratique (RaFD) des frères jumeaux Tom et Timane Erdimi, la Convention nationale tchadienne (CNT) du Dr Hassan Saleh Al-Djinédi, et l’Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD) de Mahamat Nouri.

Mahamat Nour avait perdu de son aura après l’échec d’une offensive éclair qu’il avait menée, en avril dernier, jusqu’aux portes de N’Djamena avant d’être repoussée. Par la suite, le Fuc (Front uni pour le changement), la précédente alliance rebelle, s’était fragmentée sur des bases ethniques, selon un observateur de la région. Aujourd’hui, l’accord signé à Tripoli ne change rien pour les rebelles du RaFD et du CNT : « On a commencé cette lutte sans Mahamat Nour et on va la terminer sans Mahamat Nour. Il ne représente rien aujourd’hui » a prévenu, lundi, Timane Erdimi.

Erratum : Afrik a évoqué dans une première mise en ligne l’Union des Forces pour la démocratie et le changement (UFDD) de Mahamat Nour, il s’agit en réalité du mouvement de Mahamat Nouri, qui lui poursuit la lutte à l’est du Tchad.

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