Algérie : une femme sur deux victime de harcèlement sexuel


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Selon une enquête réalisée par la Fondation algérienne pour la promotion de la santé et de la recherche, une femme sur deux en Algérie est concernée par le harcèlement sexuel.

Le harcèlement sexuel en milieu professionnel semble être un phénomène qui prend de plus en plus de l’ampleur en Algérie. En effet, selon une enquête réalisée par la Fondation algérienne pour la promotion de la santé et de la recherche (Forem), une femme sur deux subirait un harcèlement sexuel à son travail ou à l’université. Si certaines brisent le silence et saisissent les instances judiciaires compétentes, d’autres, angoissées, se fondent dans la loi du silence

L’étude a été menée pendant le premier trimestre 2014, dans quatre wilayas (Alger, Blida, Guelma, Tipasa) du pays, dans le secteur public (postes, finances, santé) et dans 15 wilayas (Alger, Blida, Tipasa, Boumerdès, Tizi Ouzou, Bouira, BBA, Guelma, Skikda, Biskra, Aïn Defla, Chlef, Tlemcen, Oran et Ghardaïa) pour le milieu universitaire. Au total, 3227 étudiantes, dont 2886 Algériennes et 341 étrangères, et 600 employées ont répondu au questionnaire de la Forem. Celui-ci comportait 15 questions et 20 sous-questions. Dans le domaine du travail, 65% des femmes ont répondu être victime d’un harcèlement verbal et non-verbal, dont les auteurs sont généralement les directeurs dans 30% des cas, les chefs de bureau dans 20% des cas et les agents de sécurité dans 14% des cas.

Menaces et récompenses

L’acte du harcèlement est commis dans 26% des cas dans le bureau du directeur et dans 23% des cas pendant les heures de travail. Les harceleurs procèdent de différentes manières. Certains invitent ces femmes dans des endroits douteux, ferment la porte et regardent leur proie avec insistance (71%) avant de faire des remarques sur leurs physiques. Certains insistent pour qu’elles acceptent leurs invitations et n’hésitent pas à menacer leurs victimes de représailles. Alors que d’autres pratiquent directement des attouchements.

Des hommes vont jusqu’à promettre des récompenses dont la plus farfelue est une promesse de mariage en échange de voir le corps de la femme ! Le spectre du licenciement revient très souvent dans les réponses de l’étude. « Un directeur d’une société demande une relation sexuelle avec une travailleuse au sein de la même structure sous la menace d’expulsion de son travail avec son fiancé », ont rapporté les enquêteurs.

Plus de 45% des étudiantes victimes de harcèlement

45,11% des étudiantes algériennes interrogées affirment avoir été victimes de harcèlement sexuel contre 37% des étudiantes étrangères. Les auteurs sont les enseignants, les administrateurs et les agents de sécurité. Près de 60% d’entre elles affirment que les enseignants sont les premiers auteurs de ces actes de harcèlement. Les propositions varient sous plusieurs formes : « échange physique » pour décrocher l’année universitaire, promesses de bonnes notes ou proposition d’argent, remarques sur l’apparence physique, invitation de manière répétée, attouchements et baisers. Le harcèlement contre les étudiantes se manifestent généralement à l’université, en salle d’étude, au bureau ou dans les transports.

Etant donné les résultats de l’enquête, les docteurs qui ont mené l’enquête, Mostefa Khiati, Sabrina Gahar et Abdelkader Sahraoui-Tahar, préconisent un durcissement de l’article 341 bis du code pénal et l’inclusion dans la législation du travail de sanctions administratives : blâme, suspension voire licenciement de l’auteur, sensibilisation du personnel en milieu de travail et en milieu universitaire, mise en place de conseillers psychologiques et d’une ligne verte, rapporte El Watan.

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