Zimbabwe : cette loi « patriotique » qui fait jaser dans l’opposition et la société civile


Lecture 2 min.
Emmerson Mnangagwa
Le Président du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa

Au Zimbabwe, une nouvelle loi promulguée, vendredi, par le Président Emmerson Mnangagwa alimente la polémique. L’opposition et les ONG dénoncent une loi liberticide depuis son adoption par le Parlement fin mai.

Il est désormais interdit aux Zimbabwéens de formuler des critiques à l’encontre de leur pays. C’est l’une des conséquences directes de la loi sur la codification et la réforme du droit pénal de 2022, communément appelée « loi patriotique ». Adopté par la chambre basse du Parlement, le 31 mai 2023, le projet de loi a passé, sans problème, l’étape du Sénat, le 7 juin 2023, avant d’être promulgué par le président de la République, ce vendredi. Cette loi considère comme un criminel toute personne qui « porte délibérément atteinte à la souveraineté et à l’intérêt national du Zimbabwe ou qui participe à des rassemblements dans l’intention de promouvoir les appels à des sanctions économiques contre le pays ».

Vive réaction de la société civile et de l’opposition

Dès son adoption, de nombreuses ONG dont Amnesty International ont tiré la sonnette d’alarme au sujet du caractère liberticide de la loi. « L’adoption de la loi patriotique par le Sénat est très préoccupante et témoigne d’une répression inquiétante des droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association au Zimbabwe », avait alors déclaré Flavia Mwangovya, directrice adjointe pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique Australe à Amnesty International.

Manquant de précision sur les éléments constitutifs d’atteinte à la souveraineté et à l’intérêt national, ce projet de loi pourrait servir de porte ouverte à tous les excès, avait soutenu Amnesty International. « Ce projet de loi, s’il est promulgué, pourrait conférer aux autorités des pouvoirs accrus afin de restreindre indûment les droits humains et, fait inquiétant, il permettrait de condamner à mort des personnes perçues comme critiques à l’égard du gouvernement, notamment des militant·e·s politiques, des défenseur·e·s des droits humains, des journalistes, des dirigeant·e·s de la société civile, des membres de partis d’opposition et des lanceuses et lanceurs d’alerte », avait estimé Flavia Mwangovya.

L’opposition, les journalistes et les activistes des droits de l’Homme se sont également élevés contre ce projet de loi. Mais ces protestations n’ont pas empêché le Président Mnangagwa de promulguer la loi polémique. Du côté du pouvoir, on estime que loin de restreindre la liberté, la nouvelle loi vise plutôt à cultiver le patriotisme au sein de la population zimbabwéenne. La promulgation de cette loi intervient à quelques semaines de la Présidentielle prévue pour le 23 août et pour laquelle le Président est candidat à sa propre succession.

Avatar photo
Historien, Journaliste, spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne
Facebook Linkedin
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News