Vie chère au Togo : « on tire le diable par les poils de la queue ! »


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Sixième étape : le Togo. La hausse des prix est aujourd’hui une question qui préoccupe le monde entier. De plus en plus, les tensions augmentent dans les pays pauvres du globe, dont ceux d’Afrique, où plusieurs émeutes ont éclaté ces derniers mois. Afrik.com publie cette semaine une série d’articles dans lesquels les Africains témoignent des difficultés du quotidien et de leurs attentes.

Notre correspondant à Lomé

La flambée des prix des produits de première nécessité avec son corollaire de vie chère n’épargne pas le Togo. Malgré les revendications étouffées de quelques associations et autres syndicats, c’est le calme plat. La population continue de murmurer ses souffrances.

« Notre commerce a chuté. Il n’y a plus d’argent. Les gens n’achètent plus. Tout est cher », se plaignent tous les commerçants dans les marchés. Et pour cause, la flambée des prix va grandissante. « Le prix du sac de blé est passé de 13. 500 F CFA (soit 20 euros) en novembre 2007, à 19. 700 F CFA (soit 30 euros) en janvier 2008, fruit de quatre hausses successives », se souvient Fred Agbéko, boulanger à Lomé. « Le bol du maïs est passé de 350 F à 500 F, celui du mil de 400 F à 800 F. Le panier de légume de 2500 F à 10 000 F ; un litre d’huile de 600 F à 1000 F ; un sac de riz de 11 500 F à 15 000 F, le poisson de 250 F à 500 F ; le gombo de 250 F à 500 F. Les autres condiments ne sont pas du reste : l’oignon, le piment, le pain, le sucre, etc. ont vu leur prix tripler », s’attriste Maïmouna Kito, la trentaine dépassée.

Face aux situations difficiles que sont la mévente, l’expropriation dont ces bonnes dames sont victimes de la part de leurs propriétaires, elles doivent compter également avec le caprice de leurs enfants. « Nos enfants se plaignent qu’ils ne mangent plus décemment. Ils disent qu’il n’y a plus de viande dans leur sauce », confie Pierrette Foli, installée juste à côté de Maïmouna.

Beaucoup de citoyens ne savent pas trop quelles sont les causes de cette inflation grandissante. Certains évoquent l’augmentation du prix du baril de pétrole sur le marché international. D’autres soutiennent qu’il s’agit de l’effet des 3% d’augmentation du salaire des fonctionnaires annoncé par le gouvernement togolais peu avant la généralisation de la crise. Une mesure qui, selon l’Association Togolaise des Consommateurs (ATC), « n’est même pas encore rentrée en vigueur ». « Nos gouvernants sont trop de mauvaise fois. A peine il ont augmenté le salaire des fonctionnaires, qu’ils veulent tout de suite le leur retirer », juge Frank Yao, ébéniste.

Les autorités interpellées par la société civile

Face à cette situation, l’ATC a plusieurs fois la marche pacifique qu’elle avait appelée avortée. L’association déplore « la politisation de cette marche pacifique par certaines personnalités ». Elle interpelle les autorités togolaises, notamment le chef de l’Etat, pour qu’elles trouvent une solution appropriée à ce problème. « Nous appelons le gouvernement à revoir à la hausse le revenu des Togolais avec un taux valable et à mettre en place une vraie politique commerciale pour faire face à l’inflation », préconise Aladjou Agouta, le Secrétaire Général de l’ATC.

viechereTogo2.jpgA Lomé et partout ailleurs au Togo, on est loin d’espérer de sitôt le retour à la normale. Le pessimisme se lit sur tous les visages où les hausses des prix des produits locaux et importés sur les différents marchés vont parfois jusqu’à 100%. « Nous ne savons pas quand est-ce-que cette crise va baisser d’intensité. S’en est trop. Hier au moins, nous tirons le diable par la queue. Aujourd’hui, nous tirons le diable par les poils de la queue », s’inquiète une revendeuse de poulet la main au menton, qui confie n’avoir rien vendu toute la journée.

En attendant le retour à une « vie moins chère », la pauvreté continue de battre son plein dans ce petit pays de l’Afrique de l’Ouest où le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) est de 13.757 F CFA par mois.

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