Ushahidi : toujours un oeil sur la planète


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Avec la plateforme Internet Ushahidi, les citoyens peuvent aider à répertorier violences ou pénuries de médicaments. Pour cela, il suffit d’envoyer un SMS ou un email aux responsables du site. L’information est ensuite vérifiée, puis cartographiée et mise à disposition de tous.

Quel est le lien entre les violences au Kenya, ses lions et une éventuelle pénurie de médicaments ? Toutes ces informations sont répertoriées sur Ushahidi, qui signifie « témoignage » en swahili. Le site, créé au lendemain des violences post-électorales de décembre 2007, est selon une étude de chercheurs de l’université Harvard, l’outil qui a permis de recueillir les informations les plus complètes sur ces événements. Utilisant leurs téléphones portables, les citoyens ont pu aider à démentir les rumeurs et à corriger les informations erronées.

Les Kényans étaient invités par les quatre co-fondateurs d’Ushahidi à envoyer un SMS ou un email pour aider à une meilleure connaissance du pays. Témoins de violences, de pénurie de médicaments ou de braconnage ont juste à situer et à détailler l’incident sur une carte en ligne. Pour assurer la fiabilité de ces informations, un des membres de l’équipe d’Ushahidi utilise des sources gouvernementales, des informations fournies par des ONG et la presse pour vérifier la réalité des incidents signalés.

La plateforme, conçue pour pouvoir être accessible à tous, a été récemment utilisée dans d’autres pays. Ainsi, par exemple, lors des élections d’avril dernier au Soudan, les citoyens ont pu communiquer les résultats du dépouillement des bulletins de vote au moment même où ils étaient annoncés. Le logiciel a également aidé à secourir les survivants du tremblement de terre d’Haïti survenu en janvier dernier, répertoriant notamment les besoins précis en nourriture et en eau, les urgences logistiques mais aussi les émeutes.

Un accès au débat politique

David Hersman, un des co-fondateurs d’Ushahidi, affirme que l’objectif principal était de « démocratiser l’information ». Juliana Rotich, également co-fondatrice, note cependant l’impact limité de la plateforme à l’époque : « Nous n’avons pas réussi à toucher une masse critique de la population du pays, en partie parce que nous n’avons pas eu beaucoup d’écho au niveau local, a-t-elle précisé à Afrique Renouveau ».

Grâce aux nouvelles technologies, les Africains ont un accès inédit au débat politique. « Dans le contexte africain, pouvoir exprimer son opinion librement n’est pas facile », commente Théophile Kouamouo, qui anime depuis décembre 2007 IvoireBlog, une plateforme ivoirienne très dynamique. Son blog « fait partie de nos efforts pour construire une société démocratique » explique-t-il à Afrique Renouveau.

Une initiative similaire, appelée CongoBlog, a été lancée en République démocratique du Congo (RDC) par Cédric Kalonji, journaliste à Kinshasa. Elle vise à donner aux jeunes Congolais un meilleur accès à la sphère publique tout en ayant des correspondants dans toutes les régions du pays. Si les médias traditionnels sont parfois muselés, et souvent difficiles d’accès aux simples citoyens, les Africains utilisent de plus en plus les nouvelles technologies pour faire entendre leurs voix.

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