Tunisie : un « ultimatum » pour un nouveau Premier ministre


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La médiation tunisienne a donné un délai au gouvernement et à l’opposition pour trouver une issue à la crise. Ceux-ci ont jusqu’à lundi, dernier carat, pour nommer un Premier ministre. Ultimatum ou simple appel ?

Les quatre organisations tunisiennes qui assurent la médiation politique, UGTT, patronat Utica, Ligue des droits de l’Homme et Ordre des avocats, ont donné jusqu’à lundi au gouvernement et à l’opposition pour trouver une solution de sortie de crise. Ces dernières ne parlent pas d’ultimatum, mais tout porte à croire que c’en est bien un. Elles doivent rencontrer chaque parti politique de la troïka et de l’opposition afin de trouver un consensus et permettre le bon déroulement du Dialogue national. Mais aussi et surtout pour que les partis politiques s’entendent sur le nom du prochain Premier ministre. Une liste de quatre noms circule, mais aucun ne fait l’unanimité.

Le collectif de médiation entend proposer d’autres personnalités afin d’élargir le débat. Si le casse-tête persiste, il se pourrait que la médiation choisisse elle-même le prochain chef du gouvernement tunisien, ou qu’elle propose une liste. C’est ce qui a bien failli se produire la semaine dernière. Mais le quartet souhaite que l’action soit menée par les premiers concernés. Il rencontrera néanmoins le président de l’Assemblée nationale constituante (ANC), Mustapha Ben Jaafar, afin d’évaluer un probable changement du règlement intérieur de l’ANC.

L’UGTT, un pouvoir dans le pouvoir

Fort de 750 000 adhérents revendiqués, l’UGTT est à la tête du premier réseau du pays, loin devant les formations politiques. La centrale syndicale est capable en un décret de paralyser l’ensemble du pays : le fameux appel à la grève générale. Même si à plusieurs reprises le mouvement est revenu sur ses pas en annulant des appels à la grève, ce qui lui a d’ailleurs valu maintes fois l’étiquette de poltron, il n’en demeure pas moins qu’il est encore aujourd’hui sur le devant de la scène politique.

Depuis sa création en 1946, l’UGTT s’est toujours imposée sur la scène tunisienne comme un acteur politique de premier plan. Une particularité unique au monde. Le secrétaire général de l’UGTT est régulièrement consulté, au même titre que les chefs de parti. Pour information, trois de ses membres ont même été nommés ministres, notamment de l’Emploi et de la Formation, lors du premier gouvernement de transition après la chute du régime de Ben Ali, avant d’y renoncer sous la pression d’une population exacerbée par le maintien d’anciennes figures du régime dictatorial.

Une fois encore, l’UGTT, soutenu par l’Utica, la Ligue des droits de l’Homme et l’Ordre des avocats, a dévoilé sa toute puissance dans un contexte de crise politique. L’ultimatum camouflé ne laisse d’autre choix au pouvoir en place, dominé par Ennahda, et à l’opposition, que de s’accorder sur le nom du prochain Premier ministre d’ici à lundi. Au risque, sinon, de voir une centrale syndicale proposer le prochain chef du gouvernement tunisien.

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