Tunisie : les Ben Ali empochaient un quart des bénéfices du secteur privé


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Selon la Banque mondiale, les proches du Président déchu Ben Ali ont bénéficié durant des années d’un cadre réglementaire qui protégeait leurs intérêts de la concurrence, leur permettant d’empocher près 25% des bénéfices du secteur privé.

Un quart des bénéfices du secteur privé, soit 25%. C’est ce qu’empochaient les proches du Président tunisien déchu Ben Ali, selon la Banque mondiale, qui affirme qu’ils ont bénéficié durant des années d’un cadre réglementaire qui protégeait leurs intérêts de la concurrence. « L’ancien régime tunisien utilisait les réglementations existantes et en édictait de nouvelles pour en faire bénéficier les membres de la famille Ben Ali et ceux qui étaient proches du régime », d’après le rapport de l’organisation internationale.

Selon la Banque mondiale, le clan de l’ex-dictateur empochait fin 2010 « plus de 21% » des bénéfices réalisés par le secteur privé via un réseau d’entreprises placées sous son contrôle direct. Celui-ci prospérait grâce à un cadre réglementaire spécialement adapté à ses besoins. D’après l’institution, pendant les dix dernières années du régime, le « code d’incitations aux investissements » a ainsi été modifié à 25 reprises afin de restreindre l’accès des investisseurs au marché tunisien et « protéger les intérêts du clan (présidentiel) de la concurrence ».

Entre 15 et 50 milliards de dollars détournés

En clair, quel que soit le secteur d’activité (bâtiments, téléphonie), la part de marché d’une société détenue par le clan Ben Ali était ainsi en moyenne 6,3% plus importante que celle d’une société concurrente, précise le rapport qui a épluché les comptes de 220 entreprises contrôlées alors par le pouvoir. Ce qui signifie que « l’intervention de l’Etat dans la politique industrielle était un écran de fumée dissimulant des situations de rente », explique Bob Rijkers, un des auteurs de ce rapport qui assure que l’ouverture économique du pays, louée en son temps par la communauté internationale, n’était qu’un « mirage ».

D’ailleurs, la Banque mondiale elle-même, comme le Fonds monétaire international (FMI), ont ainsi souvent érigé la Tunisie et ses taux de croissance flatteurs en « modèle pour les autres pays en développement », admet le rapport, tout en reconnaissant que le système souffrait pourtant « de graves défauts » dont la corruption. Le rapport rappelle que le nouveau régime tunisien a confisqué 550 propriétés immobilières, 48 bateaux et yachts, 367 comptes bancaires et près de 400 entreprises appartenant au clan Ben Ali.

Aujourd’hui, Ben Ali est réfugié en Arabie Saoudite après avoir été chassé du pouvoir en janvier 2011 par un soulèvement populaire. Le nouveau régime l’accuse ainsi que ses proches d’avoir détourné entre 15 et 50 milliards de dollars tout au long de ses vingt-trois années de règne.

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