Tunisie : l’enfer oublié des réfugiés subsahariens


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Après l’effondrement du régime de Kadhafi de nombreux immigrés subsahariens se sont réfugiés à la frontière tuniso-libyenne. Depuis leur arrivée au camp de Choucha, qui va fermer d’ici deux mois, ils sont victimes de racisme et de persécution au quotidien.

Le calvaire. C’est ce que vivent au quotidien, à la frontière tuniso-libyenne, les déplacés subsahariens réfugiés depuis maintenant deux ans, dans le camp de Choucha, pour fuir le conflit libyen.

Le 29 mars dernier, des réfugiés somaliens, soudanais (du Darfour), érythréens et tchadiens ont entamé une grève de la faim afin de dénoncer leurs rudes conditions de vie. Cette forme pacifique de protestation dénonce la discrimination, le racisme qu’ils subissent au jour le jour et revendique de la même manière leur statut au sein de la société tunisienne et la non-considération de celle-ci vis-à-vis d’eux.

Conditions de vie déplorables

Fuyant la guerre civile en Libye, les réfugiés sont depuis deux ans toujours entassés en Tunisie, dans le camp de Choucha, qui se trouve à 7 kilomètres d’un poste frontière. Quitter le camp, situé dans le sud du pays, en plein désert, est, semblerait-il, interdit par les autorités locales qui attendent impatiemment le transfert de ses personnes vers leur pays d’origine. A la différence des réfugiés libyens accueillis dans les familles tunisiennes et bien intégrés à la population, les réfugiés subsahariens sont eux volontairement séparés de la vie quotidienne tunisienne. Pour ainsi éviter tout mélange.

Géré par le Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés (UNHCR), le camp Choucha est aussi frappé par une grave crise humanitaire. Les conditions sanitaires sont précaires ce qui nuit fortement et particulièrement aux femmes et aux enfants. Diarrhées et infections de tout genre relèvent du quotidien des réfugiés, et surtout des enfants étant de loin les plus sensibles. La malnutrition est le fléau dont souffrent les enfants qui ne sont d’ailleurs ni vaccinés ni protégés contre le paludisme.

Accès des hôpitaux interdit

Les réfugiés malades ne peuvent se diriger vers les hôpitaux les plus proches parce que, d’une part, les autorités tunisiennes leur en ont interdit l’accès. D’autre part, ils ne sont pas autorisés à quitter le camp. Ainsi, tout réfugié se voit refuser l’accès aux soins de première nécessité et les enfants, eux, ne peuvent bénéficier de vaccins contre la rougeole. Tout comme pour les soins maternels et un suivi nutritionnel pour les personnes les plus vulnérables.

Les échappés du camp

Le sort des rares réfugiés subsahariens, qui ont eu la possibilité de quitter le camp Choucha, n’est pas bien meilleur que ceux qui y sont restés emprisonnés. Leur quotidien est très souvent synonyme d’agression de toute sorte. Quand à ceux restés dans le camp, la police opère régulièrement à de violentes expéditions punitives contre ceux qui tenteraient de s’enfuir du camp.

Leur couleur de peau gêne clairement en Tunisie. Et le camp fermera ses portes dans le courant du mois de juin. Une décision que critique vivement Human Rights Watch, qui a dénoncé les conditions de vie inhumaines de ces déplacés. Alors que va-t-il advenir de ces personnes ?

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