Togo, Faure Gnassingbé candidat à l’élection présidentielle


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Faure Gnassingbé, fils du défunt président Eyadema et actuel président auto-investi du Togo, a déclaré vendredi soir, le 18 février 2005, lors d’une allocution télévisuelle, sa volonté « d’organiser l’élection présidentielle dans les délais constitutionnels de 60 jours ». Cette annonce, qui fait suite aux fortes pressions de la communauté internationale en général et de la CEDEAO en particulier, risque de ne pas ramener le calme dans le pays, Faure Gnassingbé ayant annoncé dans un second temps qu’il serait candidat.

La situation évolue au Togo. D’abord, vendredi en début de journée, le Ministère de l’Intérieur togolais a annoncé la levée de l’interdiction de manifester, en place depuis le décès du président Gnassingbé Eyadéma , officiellement pour respecter une période de deuil. Pour autant, « toute manifestation publique doit être déclarée au ministère», précise le texte, mais c’est déjà là un premier pas. Ensuite, vendredi soir, lors d’une allocution à la radio et à la télévision nationale, Faure Gnassingbé a déclaré que les élections présidentielles seraient organisées dans un délai de 60 jours, afin de « poursuivre le processus de transition ». Même si cela demeure encore assez vague – 60 jours à partir du décès de Eyadema ? Ou bien à compter d’hier, jour de l’annonce ? – cette déclaration est une réponse aux fortes pressions de la communauté internationale, et notamment de la CEDEAO qui a été invitée à accompagner le processus électoral.

L’opposition demeure ferme et la tension monte

Pour autant la tension au Togo reste importante. De nombreux jeunes de la capitale sont prêts à prendre les armes pour contester la prise de pouvoir du fils de l’ancien président. La constitution togolaise prévoit, en effet, que l’intérim doit être assuré par le Président de l’Assemblée nationale, poste qu’a occupé Faure Gnassingbé au lendemain de la mort de Eyadéma grâce à une modification de la constitution faite en urgence sous la pression de l’armée.

Pour de nombreux observateurs, l’omnipotent chef d’état-major Zakari Nandja serait derrière ces événements. L’armée, constituée en très grande majorité de soldats originaires du Nord Togo, région d’origine de la famille Gnassingbé, va en effet perdre ses prérogatives en cas de changement du pouvoir. Et si l’opposition demeure ferme sur sa volonté d’imposer un changement pacifique, la jeunesse du pays, en proie à une grave crise économique, est lasse d’attendre. Les slogans d’appel à la violence sont légions, en particulier dans le quartier de Bé à Lomé, où une dizaine de personnes (quatre officiellement) seraient mortes lors des manifestations de cette semaine.

Alors que la censure des médias d’opposition est totale, ainsi que le rapporte l’ONG « Reporters Sans Frontière », Faure Gnassingbé vient d’annoncer qu’il serait candidat à l’élection présidentielle. Une décision qui risque d’attiser les braises de la révolte qui gronde au Togo. Les partis d’opposition dénonçent l’instauration d’une royauté et de nouvelles grandes manifestations de protestation sont prévues.

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