Timbuktu : grosse émotion au FESPACO 2015


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Ouagadougou, Fespaco 2015 : le film TIMBUKTU tant attendu a été projeté pour la première fois jeudi 5 mars au soir au FESPACO. Une grande foule a dû attendre jusqu’à 3h devant le ciné Burkina pour y assister. Une projection sous haute sécurité, mais cela n’a pas empêché la salle d’être comble jusqu’aux gradins. Etait présent à cette soirée le réalisateur Abderrahmane SISSAKO et quelques membres de son équipe de tournage.

« Si mon film n’avait pas été diffusé au FESPACO, j’aurais considéré cela comme un échec… » Tels furent les propos du réalisateur du film TIMBUKTU. Film qui a remporté un très grand succès auprès des Festivaliers puisque lors de sa première diffusion ils durent affronter une attente de 3 heures pour pouvoir suivre le film et que la salle du ciné Burkina ne pouvait pas contenir leur affluence, malgré le fait qu’un grand nombre étaient assis à même le sol.

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Abderrahmane SISSAKO affirme que ce jour est l’un des plus importants pour lui, en tant que cinéaste africain, par le fait que son film est projeté au FESPACO et que si cette projection n’avait pas eu lieu il aurait été profondément touché et même blessé pour sa part. Pour lui cette projection est une victoire pour le monde du cinéma africain et tous les autres africains parce que si ce film a pu voir le jour c’est grâce a la participation du peuple africain. Il a adressé une pensée au peuple de Tombouctou au Mali, en ajoutant que c’était une action extrêmement difficile de faire un pareil film. Le film devait être initialement tourné a Tombouctou au Mali mais pour des raisons de sécurité son producteur et lui ont dû aller le tourner en Mauritanie.

Le film est basé sur la défense des valeurs universelles comme la paix, la tolérance et c’est un film qui est contre la violence et qui est contre l’humiliation de l’autre, qui défend l’acceptation de l’autre dans sa diversité dans sa culture, et c’est précisément ce qui a été pris en otage à Tombouctou par les djihadistes. Il qualifie son film de « film de résistance », une résistance qui est pacifique, la résistance par l’art.

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Pour Abderrahmane SISSAKO la projection de son film au FESPACO était fondamentale parce que ce Festival est une vitrine pour le continent et avoir son film projeté ici « c’est comme si toute l’Afrique en même temps voyait un film ». Lors de son allocution, SISSAKO a spécialement remercié le Burkina Faso et son président Michel KAFANDO d’avoir permis la diffusion de son film dans ce cadre.

A la sortie de la séance les spectateurs ont dit avoir trouvé le film très intéressant et ont souligné son coté très émouvant, que les médias n’arrive pas à faire ressentir. Madame Binta GADJAGA de Ouagadougou, par exemple, montre combien à travers ce film on voit « que les Islamistes bafouent les Droits de la femme et aussi les Droits de l’Homme en général ». A ses yeux, « Ce film permet de voir la déformation de l’islam ». Elle-même musulmane pratiquante affirme que « des gens vivent de nombreuses misères sous couvert de la religion islamique alors que l’Islam est une religion de clémence de tolérance et de miséricorde ». A la question de savoir si elle pense que ce film est anti-djihadiste, elle répond non « qu’il s’agit juste d’un film qui dénonce des valeurs prônées par les djihadistes qui se sont pas les valeurs de l’islam ». Et bon nombre des spectateurs pensent en définitive que ce film mérite l’Etalon d’or de Yennega… TIMBUKTU pourrait bien être le grand vainqueur du FESPACO…

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