« The Constant Gardener » réveille les consciences


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The Constant Gardener, le film de Fernando Meirelles inspiré du roman de John Le Carré, raconte l’histoire tirée de faits réels d’une firme pharmaceutique qui a testé sur des Kenyans un médicament contre la tuberculose. Un médicament qu’elle savait mortel, parce que pas encore au point. Une tragédie que le réalisateur brésilien retranscrit parfaitement dans un film qui révolte, attriste, écoeure, mais qu’il faut absolument voir.

Effroyable, mais vrai. The Constant Gardener est actuellement à l’affiche dans les salles obscures françaises. Au départ, « La Constance du Jardinier », était un livre : celui de [John Le Carré->4864, publié en 2001. L’écrivain voulait dénoncer les activités criminelles d’une société pharmaceutique qui, au Kenya, testait un médicament contre la tuberculose sur des gens pauvres. Rien de mal a priori, si ce n’est que, pour éviter trop de dépenses, les tests ont été effectués alors que la molécule n’était pas au point. Et des gens sont morts. C’est ce drame qu’a adapté avec brio Fernando Meirelles, qui a tourné au Kenya, pays où le livre a été interdit apparemment par crainte de débordements.

Le casting d’abord : Rachel Weisz campe sublimement Tessa Quayle, la charmante fouineuse qui va découvrir ce que cachent les médicaments offerts par un laboratoire. L’actrice alterne à la perfection la pétillance lorsqu’elle se retrouve au sein de la population kenyane et la gravité au fur et à mesure que son enquête avance. Une enquête diplomatiquement dérangeante qui inquiète le haut-commissariat britannique, au courant des tests, qui mettra un contrat sur sa tête. Tessa sera retrouvée morte. Justin, son mari féru de jardinage dont le rôle est admirablement incarné par Ralph Fiennes, fera tout pour comprendre pourquoi sa femme a été tuée. Il remuera ciel et terre pour découvrir l’inhumaine vérité. Ralph Fiennes, qui s’était notamment distingué dans Le Patient Anglais d’Anthony Minghella, transmet avec talent le remord qui le ronge de ne pas avoir compris son épouse et de n’avoir pas su lire entre les lignes. Mais se reprendra avec détermination et courage afin de faire éclater la vérité au grand jour.

« Ces gens seraient morts de toute façon »

Le réalisateur brésilien Fernando Meirelles avait tout pour faire un bon film : une histoire poignante, des acteurs convaincants et une bande son qui n’a rien à envier à la beauté du reste. Restait à œuvrer pour captiver le spectateur et mettre en place une intrigue dynamique sans court-circuiter la force du message. L’auteur de l’excellent Cité de Dieu a réussi, en misant sur les flash-back, à tenir le spectateur en haleine et à laisser monter la révolte, la tristesse et l’écœurement. Surtout lorsque Sandy, un « ami » de Justin Quayle, explique que ces meurtres n’ont pas d’importance puisque, vu « le taux de mortalité », ces gens seraient morts de toute façon…

Encore plus révoltant quand on sait que cette histoire est vraie et qu’elle n’est sans doute pas la seule du genre. On en entend peu parler, mais les cobayes africains existent. Pas qu’Africains d’ailleurs. Les plus pauvres font les frais des pratiques criminelles de firmes qui veulent se faire de l’argent en mettant en danger la vie de ceux qui n’ont pas grand-chose. The Constant Gardener est donc un film excellent pour montrer jusqu’où ceux qui sont sensés sauver des vies sont prêts à aller parce qu’ils estiment que toutes les vies n’ont pas le même prix.

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