Télé-médecine : « On peut avoir la même qualité de soin » en Europe et en Afrique


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Le Symposium ICHS’1014, dédié à la médecine connectée, co-organisé avec l’association « Les territoires du coeur » s’est tenu ce lundi 26 mai au ministère des Affaires sociales et de la Santé, à Paris, en marge de la 12e édition de la conférence internationale WWIC 2014 ( Wired & Wireless Internet Communications) organisée par le laboratoire Lissi – Upec. Afrik.com, présent à la conférence, a rencontré le président de l’association organisatrice, le cardiologue Abderrahman Ameur, afin de comprendre le lien entre l’Afrique et la télé-médecine. Interview.

Afrik.com : Quel était l’objectif de cette conférence ?

Abderrahman Ameur :
On a organisé cette conférence car on travaille dans le champ de la télé-médecine depuis plusieurs années. On s’est aperçu que l’irruption du numérique dans le domaine de la santé a bouleversé les échanges. Il va rapprocher les gens d’une manière très importante. Nous avions organisé une première réunion au Sénat, en 2012, autour du thème : « L’apport des nouvelles technologies dans les échanges Nord-Sud ». Une centaine de personnes avaient participé à cette réunion, et cela nous a encouragé à poursuivre. Notre association, « Les territoires du coeur », a mis en place un certain nombre de cycles de réunion. Après le Sénat, nous sommes allés à Casablanca, au Maroc, en novembre 2013, où nous avons organisé un séminaire autour du même thème. Il s’agit aujourd’hui (lundi 26 mai, ndlr), du 12e congrès de ce que l’on appelle les réseaux connectés à travers Internet. Le professeur Abdelhamid Mellouk, le président de ce congrès, nous a demandé d’organiser une journée essentiellement consacrée à la télé-médecine et nous avons réussi à la faire au ministère de la Santé, afin de sensibiliser tous les acteurs de ce domaine.

Afrik.com : La télé-médecine peut-elle rayonner en Afrique ?

Abderrahman Ameur :
La télé-médecine permet d’abolir les distances. On a les moyens de consulter ou soigner quelqu’un à distance. Bien qu’elle soit virtuelle, il s’agit d’une véritable consultation qui peut être réalisée entre Paris et Alger par exemple. Je suis cardiologue, donc après avoir consulté un patient basé à Alger ou à Casablanca, je discute avec mon confrère chargé de suivre le patient et ensemble nous prenons une décision. On prend, d’une certaine manière, en charge le patient en binôme. Je pense que l’on peut sauver beaucoup de vies comme ça.

Afrik.com : Cette méthode permettrait-elle à des patients africains de ne plus devoir se déplacer en France pour être soignés ?

Abderrahman Ameur :
Il y a beaucoup de patients qui viennent, ne serait-ce que pour un bilan, et ça on peut le faire à distance. S’il faut un geste opératoire, et si le pays dans lequel vit le patient n’a pas les moyens de pratiquer l’opération, on conseillera alors au patient de venir se faire opérer en France ou ailleurs. On fait un travail de diagnostic, d’information et d’expertise. En effectuant des consultations en binôme, on forme, par la même occasion, le confrère qui est de l’autre côté et qui n’a pas forcément tous les moyens pour établir un diagnostic précis. Nous entendons d’ailleurs développer la formation à distance avec l’aide du professeur Benhamou, qui est délégué interministériel pour l’Education en Afrique.

Afrik.com : Vous faites référence au Maroc et à l’Algérie, mais qu’en est-il de l’Afrique subsaharienne ?

Abderrahman Ameur :
On a des liens avec le Sénégal, le Cameroun, la Tunisie. Mais en réalité, nous souhaitons non seulement développer des liens dans toute l’Afrique, mais aussi partout dans le monde.

Afrik.com : Quelles sont les remontées, en Afrique, de la télé-médecine ?

Abderrahman Ameur :
Nos confrères africains sont demandeurs de cette collaboration. Car elle apporte de la formation, de l’expertise et de l’information.

Afrik.com : Pourquoi vouloir à tout prix développer le concept de la télé-médecine en Afrique ?

Abderrahman Ameur :
Car à l’ère du numérique, il ne peut plus y avoir de déphasage. On peut avoir la même qualité de soin des deux côtés de la Méditerranée. Il suffit d’utiliser les moyens du numérique.

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