Sur les rives du fleuve Niger


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Gildas Flahaut
Par Gildas Flahaut

Le navigateur-illustrateur Gildas Flahaut a passé deux mois au Mali. De ce premier voyage en Afrique, il a ramené des dessins, des peintures, des esquisses et des textes poétiques. Il en fait un magnifique carnet de route à lire et à savourer sans modération.

Gildas Flahaut, navigateur, peintre, illustrateur et graphiste, a quitté les océans pour la terre africaine. Il est « parti pour l’Afrique, seul et du jour au lendemain ». Sur un coup de tête et par besoin d’inspiration. Bien lui en a pris, à la lecture de son splendide carnet de route qui mêle dessins somptueux et textes inspirés. Gildas Flahaut est resté deux mois au Mali, a vu Mopti et le pays Dogon. Mais il a passé la plus grande partie de son séjour à Tamani, « un village de terre et de paille sur la rive sud du fleuve Niger », « un village heureux qui pose sa tête sur l’épaule ronde du fleuve », un « labyrinthe d’ocre rose » non loin de la ville de Ségou.

« Quelle que soit l’heure du jour, je me déplaçais accompagné de mon atelier : un gros album de dessin lourd comme un âne mort, fabriqué par mes soins et d’une solidité à toute épreuve. A Tamani, j’étais monsieur dessin », explique-t-il. Il croque la vie quotidienne des villageois : dans les champs, courbés sous le soleil ardent, en pleine discussion devant la petite mosquée, profitant de l’ombre de majestueux baobabs qui se parent, sur le papier, de toutes les couleurs de la palette du peintre. Gildas Flahaut aime les pirogues élancées, les silhouettes longilignes et graciles mais s’attarde aussi sur quelques visages. « C’est une jubilation : capturer le souffle d’une vie d’un seul tour de crayon, faire fleurir une illusion, transmuter l’or en mine de plomb. Il faut aller très vite, embrasser l’instant furtif. Si le coup est réussi cela déclenche immédiatement le rire des villageois qui se trouvent derrière mon épaule ! »

L’Afrique, ça rime avec plastique

Il voyage les yeux grands ouverts et sait restituer une ambiance, une atmosphère, une situation, comme « la nuit dans le village » pendant laquelle les habitants se retrouvent autour du feuilleton à l’eau de rose. Sur ses feuilles, entre les dessins, on déchiffre des notes éparses : « il y a trois télés à Tamani (1 500 habitants) », « tassouma = le feu », « i ni aoula = bonsoir », « la couleur est avalée par le soleil », « touaregs maigres et aristocratiques », « L’Afrique, c’est le bruit des savates qui traînent », « L’Afrique ça rime avec plastique : 3 objets incontournables : la tong, la bouilloire pour se laver ou boire, l’outre en chambre à air pour puiser »…

Gildas Flahaut a réussi son pari. Il s’est dissous dans l’ivresse du voyage, s’est perdu dans les plis de l’Afrique. A trouvé l’inspiration, le long des rives du fleuve Niger, « territoire de lumière liquide dans lequel on lave son corps et son linge », « pays des reflets que l’on traverse en crabe ». Rétrospectivement, il résume ainsi son voyage : « Je ne connaissais rien à l’Afrique. Ces deux mois de voyage solitaire m’ont édifié : voilà ce que l’on appelle prendre une claque. Tout ici m’a bouleversé : la dureté de l’existence, la solidarité familiale et l’aspect féodal de toutes les échelles du pouvoir. (…) Les voyages m’ont lessivé, l’ardeur du soleil m’a essoré. Ah ! L’Afrique n’est pas fille facile. Mais qu’elle est belle à dessiner ! »

Mali, sur les rives du Niger de Gildas Flahaut, éditions Presses de la Renaissance.

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