Soudan : la police d’Omar El-Béchir réprime les manifestations


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Alors que le Soudan du Sud fête ce lundi sa première année d’indépendance, Khartoum est en proie à des manifestations populaires contre le régime en place. Omar Hassan El-Béchir, au pouvoir depuis le coup d’ État militaire de 1989, déjà objet d’un mandat d’arrestation lancé par la Cour pénale internationale (CPI) depuis 2008, doit à présent se confronter à la jeunesse de Khartoum soutenue par l’opposition.

Le Soudan traverse une grave crise économique depuis l’indépendance du Sud en juillet 2011, qui a entraîné un plan d’austérité en juin, passant entre autres par la fin de nombreuses subventions. Le pays, depuis, fait face à une inflation record.

Ces trois dernières semaines, la capitale est même devenue le théâtre de manifestations pour dénoncer cette hausse des prix et de plus en plus, pour demander la démission du président El-Béchir.
Ces rassemblements sont rapidement dispersés par la police, avec au moins plusieurs centaines d’arrestations et des centaines de blessés. En effet, la répression de ce mouvement de contestation sans précédent ne faiblit pas dans la capitale, particulièrement devant les mosquées où se réunissent les manifestants.
Les médias ont le plus grand mal à avoir accès à des informations fiables et des images de bonne qualité, en raison de l’omniprésence du Service national de sécurité et de renseignement (NISS). Des journalistes de la chaîne satellitaire Al-Arabiya ont même été brièvement détenus.

Les jeunes passent donc par les réseaux sociaux et filment eux-mêmes la répression grâce à leurs téléphones portables, suivant l’exemple de la jeunesse des « Printemps arabes ».

L’opposition demande le pluralisme, El-Béchir propose la charia

Attentistes depuis le début de la contestation, les partis d’opposition ont rejoint la mobilisation depuis peu et se sont engagés à lutter contre le système de parti unique imposé par El-Béchir.

Mercredi dernier à Khartoum, 17 partis ainsi que de nombreuses ONG et personnalités ont signé une charte allant dans le sens du pluralisme. Les partis Umma et Congrès populaire du célèbre islamiste Hassan al-Taroubi forment la colonne vertébrale de ce mouvement et espèrent tirer profit de cette vague populaire.
En réponse à la rébellion, le président soudanais a déclaré ce samedi devant les chefs soufis de Khartoum, vouloir une prochaine constitution totalement islamique, débarrassée du « communisme, ou laïcisme ou d’influences occidentales ». Sans toutefois préciser la date de rédaction de cette nouvelle constitution « 100% islamique ». Cet appel du pied fait aux conservateurs pourrait se retourner contre lui si ces derniers ne suivent pas, ou contre les jeunes manifestants dans la situation inverse.

Quoi qu’il en soit, Omar El-Béchir, sous mandat d’arrêt international pour génocide et crimes de guerre lors de la guerre au Darfour, ne pourra se passer longtemps d’un fort soutien populaire s’il veut demeurer au pouvoir, à l’abri d’une justice internationale insistante.

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