Somalie : Sécheresse – Le bilan des morts risque de s’alourdir


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En Somalie, tandis que les décès causés par la faim se multiplient, les groupes de la société civile joignent leurs efforts pour aider les populations vulnérables à résister à la sécheresse dévastatrice qui touche désormais des régions du pays jusqu’ici épargnées.

« Nous frappons à toutes les portes pour recevoir de l’aide ; même les plus petits gestes sont importants », a déclaré à IRIN Asha Sha’ur Ugas, membre d’un comité de lutte contre la sécheresse de la société civile. « Beaucoup de gens sont déjà morts et beaucoup mourront si les secours n’arrivent pas rapidement – et par rapidement, j’entends tout de suite ».

Des décès leur sont déjà signalés, a expliqué Mme Ugas : certaines personnes sont mortes en route et « d’autres sont décédées une fois arrivées à Mogadiscio [la capitale] », a-t-elle ajouté ; « la plupart des décès concernaient des enfants et des adultes très faibles, notamment des personnes âgées, et des femmes enceintes ou allaitantes ».

Les responsables de la société civile appellent les Somaliens du pays et de la diaspora à leur prêter main forte. A Mogadiscio, a expliqué Mme Ugas, les écoliers, les vendeuses des marchés et les commerces donnent tout ce qu’ils peuvent.

Les groupes de la société civile sont prêts à apporter des secours d’urgence dans n’importe quelle région ou n’importe quelle zone, « quelles que soient les autorités sur place. Nous sommes disposés à aller n’importe où dans le pays, si ça peut aider les populations dans le besoin ».

Mme Ugas a appelé les organismes qui souhaitent apporter leur aide à employer tous les moyens possibles pour se rendre auprès des personnes dans le besoin.

« Je suis bien consciente qu’il n’est pas facile de se rendre dans certaines des régions les plus vulnérables, mais les organismes ne doivent pas hésiter à employer des méthodes même peu orthodoxes pour y arriver », a-t-elle dit. « Nous pouvons les aider, les anciens peuvent les aider, et les femmes de ces régions aussi ».

« Nous n’avons rien vu de tel depuis des dizaines d’années ; nous avons eu des sécheresses dans le passé, mais elles ne touchaient que certaines régions ; aucune autre sécheresse n’a touché autant de régions ».

De par son ampleur géographique, la sécheresse actuelle, a-t-elle ajouté, est plus grave que celle de 1992, plus connue sous le nom de « Caga Barar » (pieds enflés).

« Caga Barar se limitait essentiellement aux zones de Bay et de Bakool [sud de la Somalie] », a-t-elle dit. « Celle-ci a une portée bien plus importante ».

Le revirement d’Al-Shabab

La majeure partie du sud et du centre de la Somalie, les régions les plus gravement touchées par la sècheresse, est sous le contrôle du groupe islamiste Al-Shabab. Le groupe interdisait auparavant la présence d’organisations humanitaires dans les zones sous son autorité, mais il a annoncé récemment que « les organismes musulmans aussi bien que non musulmans souhaitant apporter leur aide étaient les bienvenus ».

Sans une aide humanitaire immédiate, des milliers de personnes risquent de mourir, a averti le Bureau des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA), ajoutant que 80 pour cent des 476 000 enfants somaliens atteints de malnutrition (contre seulement 376 000 début 2011) vivaient dans les zones aux mains d’Al-Shabab.

Rares sont ceux qui se fient à la déclaration d’Al-Shabab, a néanmoins déclaré un travailleur humanitaire de Mogadiscio.

« D’un côté, ils disent que les organisations sont les bienvenues, et de l’autre, ils essaient d’empêcher des gens désespérés de quitter les zones qu’ils contrôlent pour aller chercher de l’aide », a-t-il expliqué.

Selon une source de la société civile qui s’est exprimée sous couvert de l’anonymat, la situation est désespérée et « nous devons les prendre au mot si nous voulons sauver des vies. Nous n’avons rien à perdre en rentrant dans leur jeu… S’ils sont sincères, tout le monde sort gagnant ».

D’après Ibrahim Isak Yarrow, ministre de l’Intérieur par intérim au sein du Gouvernement fédéral de transition somalien et membre du comité ministériel sur la sécheresse, la situation est extrêmement grave et « va probablement empirer ».

De plus en plus d’habitants déplacés par la sécheresse affluent à Mogadiscio, a expliqué M. Yarrow. « Ces derniers jours, selon nos estimations, entre 5 500 et 6 000 familles [entre 33 et 36 000 personnes] sont arrivées ».

Le nombre de nouveaux arrivants, a-t-il dit, devrait atteindre 10 000 familles (60 000 personnes) d’ici à la fin du mois. Le gouvernement a lancé un appel à l’aide. « Nous sommes en train de rédiger le document d’appel en ce moment même ».

Un journaliste du nord de Mogadiscio a expliqué à IRIN que la plupart des personnes déplacées par la sécheresse venaient jusqu’ici du sud de la Somalie ; néanmoins, « nous constatons aujourd’hui un afflux de population en provenance des régions centrales ».

Nombre d’entre eux arrivent en piteux état. « Il semble que toutes les familles aient perdu un être cher au cours de leur périple jusqu’en ville, ou immédiatement à l’arrivée ».

Les personnes déplacées par la sécheresse, a-t-il dit, s’installent en ville, dans des bâtiments désaffectés, ou se construisent des abris temporaires dans les champs.

Le problème, a-t-il expliqué, c’est que les nouveaux arrivants s’installent parfois dans des zones contestées de la ville ; il est donc « difficile de se rendre auprès d’eux ».

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