Somalie : Mogadiscio sous la menace des islamistes radicaux


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Huit personnes au moins sont mortes, mardi soir, dans des affrontements qui ont opposés les forces somaliennes pro-gouvernementales et les rebelles islamistes radicaux au nord de Mogadiscio, la capitale somalienne. Ce chiffre porte à plus d’une centaine le nombre de tués depuis le déclenchement des hostilités, le 7 mai, l’alliance formée par les groupes extrémistes Al-Shabaab et Hizb al-Islamiya. Ces derniers se seraient emparés de plusieurs points stratégiques de la capitale. Les insurgés prétendent livrer une guerre religieuse contre les autorités en place. Le président somalien, Sheik Sharif Sheik Ahmed, affirme que son gouvernement est déterminé à se défendre.

Il s’agirait des combats les plus meurtriers qu’a connus Mogadiscio, la capitale somalienne, depuis janvier. Le 7 mai, Al-Shabaab [qui signifie les jeunes] et Hizb al-Islamiya (Parti de l’Islam), deux groupes islamistes radicaux, ont déclenché une violente guerre contre les forces pro-gouvernementales. Celle-ci vise, selon toute vraisemblance, à s’emparer de la capitale Mogadiscio et surtout du pouvoir. Dans une intervention presse, l’envoyé spécial de l’Onu pour la Somalie, Ahmedou Ould-Abdallah, a qualifié, mercredi, ces attaques de « tentatives de coup d’Etat ». D’après lui, Cheik Hassan Dahir Aweys, l’un des principaux leaders des islamistes radicaux, « est venu pour prendre le pouvoir et renverser un régime légitime. »

Plus de 27 000 déplacés

Au total, plus d’une centaine de personnes (combattants et civils) sont mortes depuis le début des hostilités, selon le groupe Elman pour la paix et les droits de l’homme. Un autre bilan officiel fait état d’une quarantaine de tués. Dimanche, plus d’une dizaine de civils ont péri sur le champ lorsqu’un obus a explosé dans une mosquée de la capitale. Quelque 150 autres personnes ont été gravement blessées. Et ce mardi, des combats qui, cette fois, auraient été provoqués par les miliciens pro-gouvernementaux à Mahas, une localité située à 300 km au nord de Mogadiscio, ont fait au moins huit morts. « Des militants islamistes loyaux au gouvernement ont attaqué les soldats d’Al-Shabaab. Quatre civils et quatre combattants sont morts dans les affrontements », a expliqué un chef coutumier à l’AFP.

L’organisation Elman pour la paix et les droits de l’homme signale également que les violents combats qui opposent les mouvements restés fidèles au gouvernement d’union nationale et les insurgés ont contraint à l’exil au moins 27 000 civils. En quelques jours de conflit, les combattants d’Al-Shabaab et Hizb al-Islamiya ont réussi à s’emparer de plusieurs points stratégiques de la capitale tels que le stade, l’ex-ministère de la défense, les anciennes usines de cigarettes ou de spaghettis, indique Le Monde. Le quotidien français du soir indique que les rebelles, considérés comme le bras armé d’Al Qaïda en Somalie, sont désormais à « portée de tir de la présidence. » Ils contrôleraient également les villes des environnantes, enserrant la capitale. Les insurgés ont reconnu avoir reçu le soutien de combattants étrangers. Les autorités somaliennes soupçonnent l’Erythrée.

«Défendre la souveraineté du pays»

« La position du gouvernement somalien est de défendre la souveraineté du pays et d’utiliser tous les moyens possibles pour arrêter les combats », a indiqué, lundi, Sheikh Sharif Sheikh Ahmed lors d’un point de presse à Mogadiscio. Le président somalien, lui-même, islamiste modéré, pourrait compter sur l’appui des soldats de la Mission de l’Union africaine en Somalie (Amisom), un peu plus de 5 000 hommes, qui a, entre autres, pour mission de former l’armée du gouvernement d’union nationale.

Les extrémistes, qui réclament le départ de ces troupes, affichent également une détermination sans faille. Cela fait plusieurs mois qu’ils ont averti qu’ils n’arrêteront pas le conflit tant que Sharif Sheikh Ahmed, qui a succédé, fin janvier, à Abdullahi Yusuf Ahmed, ne quittera pas le pouvoir.

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