Somalie : le gouvernement de transition en péril


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L’insurrection des islamistes radicaux menace de plus en plus le gouvernement de transition somalien. Celui-ci ne contrôle plus qu’une petite partie du pays, malgré une contre-offensive de l’armée régulière et l’appel à l’aide lancé auprès des pays étrangers. L’état d’urgence a été déclaré le 22 juin par le président. Pour la population, la situation humanitaire s’aggrave, notamment dans la capitale que les habitants fuient massivement.

Les insurgés continuent de gagner du terrain en Somalie. Depuis le 7 mai, des islamistes radicaux menés par le groupe Al-Shabab (la jeunesse), un groupe de dissidents des tribunaux islamistes, et Hizbul islam (Parti de l’islam), combattent le gouvernement fédéral de transition (TFG) du président Sharif Cheikh Ahmed. A l’heure actuelle, il ne contrôle plus que quelques régions du centre du pays et des quartiers de la capitale. Sharif Cheikh Ahmed a déclaré l’état d’urgence lundi 22 juin, quelques jours après avoir appelé à l’aide les pays voisins (le Kenya, Djibouti, l’Ethiopie et le Yémen). Seul le Kenya a répondu qu’il était prêt à intervenir. L’Ethiopie avoue avoir déjà mené des opérations de reconnaissance, mais elle attend un mandat international pour s’impliquer d’avantage. Jean Ping, président de la Commission de l’Union africaine a déclaré lundi, dans un communiqué, que l’Etat somalien est en droit de demander un soutien militaire de la communauté internationale. Dimanche, les 57 membres de l’Organisation de la conférence islamique (OCI) ont eux aussi appelé à une action urgente de la communauté internationale en Somalie. Les pays de la corne de l’Afrique ainsi que les Etats occidentaux craignent que la poursuite des violences n’aide le mouvement Al-Qaïda, probablement lié aux Shababs, à gagner du terrain. Pour l’instant, l’armée régulière bénéficie du soutien de 4 300 soldats de la Mission de l’Union africaine en Somalie (Amisom), pour la plupart issus de contingents ougandais et burundais, soit près de la moitié seulement des 8 000 hommes initialement prévus.

Les shababs ne craignent pas les troupes étrangères

Les insurgés ont répondu en intimidant les pays qui pourraient intervenir : « Nous disons à nos ennemis que nous n’avons peur d’aucune invasion de l’extérieur. Nous avons forcé l’Ethiopie à se retirer de Somalie en début d’année, et nous recommencerons, a déclaré Cheikh Ali Mohamud Rage, porte-parole des shebab. Nos chiens et nos chats s’amuseront à dépecer le corps de vos soldats si vous tentez de répondre à l’appel de ces marionnettes».
Cheikh Hassan Dahir Aweys, chef des Shababs, a déclaré il y a quelques jours à l’AFP qu’il « appelle cheikh Sharif Sheikh Ahmed à abandonner son poste autoproclamé de président afin d’épargner les vies des Somaliens » avant d’ajouter que les Somaliens n’ont « pour ainsi dire pas de vrai gouvernement, mais des marionnettes étrangères qui se proclament responsables de la Somalie ».

Il y a un mois, l’Etat somalien avait lancé une contre-offensive, mais celle-ci est en train de s’effondrer. La semaine dernière, trois responsables du gouvernement ont été tués dans des attentats, dont Omar Hachi Aden, ministre de la sécurité, un des principaux acteurs de la contre-offensive gouvernementale.

Une situation humanitaire dramatique

Les combats ont fait au moins 300 morts, combattants et civils, depuis le début des violences, le 7mai. Plus d’une centaine de milliers de personnes ont fui leurs domiciles depuis le début des violences. La population souffre notamment du manque de nourriture dans les hôpitaux de la capitale. Selon l’ONU, 3,2 millions de Somaliens, soit près de la moitié de la population du pays, ont actuellement besoin d’aide humanitaire.

Les islamistes radicaux mettent en application une forme très stricte de la Charia, la loi islamique. Il y a trois jours, quatre hommes ont été condamnés à une double amputation de la main et de la jambe pour avoir volé des téléphones portables et des fusils. En mai dernier, Amnesty International avait déjà dénoncé les amputations, lapidations et exécutions illégales, courantes dans les régions contrôlées par les insurgés.

L’Amisom prévoit de lancer une station de radio destinée à promouvoir la paix dans ce pays de la Corne de l’Afrique, sans fixer de date. Elle diffusera des programmes éducatifs en anglais, en somali et en kiswahili.

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