Somalie : le bilan s’alourdit


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Les combats font rage à Mogadiscio. Une voiture piégée a explosé, hier, dans une caserne militaire, alourdissant encore le bilan de victimes qui s’élèveraient maintenant à 208 morts et 700 blessés depuis le 7 mai. L’attentat a eu lieu après une contre-offensive des forces gouvernementales.

A Mogadiscio, les combats continuent. D’après le ministre somalien des Affaires Etrangères, Mohamoud Ibrahim, les affrontements entre l’armée régulière et les islamistes radicaux ont fait au moins 208 morts et 700 blessés depuis le début de l’offensive des insurgés, le 7 mai. « Nous avons compté 208 personnes tuées et plus de 700 blessées (…) 80% des morts et des blessés sont des civils pris dans les échanges de tirs », a déclaré aujourd’hui le ministre à la presse. Selon lui, « Les combats ont déplacé environ 8 367 familles ». Le Haut Commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR) dénombre 57 000 habitants qui ont quitté Mogadiscio.

Hier, un attentat à la voiture piégée revendiqué par les shebab a fait sept morts dans une caserne de militaires somaliens. D’après le porte-parole du groupe, « l’attaque a été menée par un de nos jeunes combattants qui a fait exploser sa voiture dans le camp où les ennemis d’Allah sont installés ». Cette explosion survient alors que la population de la capitale profitait d’une accalmie pour fuir la ville après une contre-offensive de l’armée gouvernementale. Vendredi, les forces loyalistes ont tenté de reprendre trois quartiers de la capitale et ont ainsi récupéré plusieurs postes de police contrôlés par les islamistes. Mais après quelques heures, elles ont été contraintes de reculer, faute d’approvisionnement. » Les shebab ont quatre avantages sur les forces gouvernementales : ils sont très mobiles, pratiquent la terreur sur les populations, sont capables de mobiliser d’importants moyens financiers venus de l’étranger et utilisent très bien les médias », a déclaré à l’AFP le commandant de l’Amisom, la mission de l’ONU en Somalie.

Les insurgés aidés par des combattants étrangers

Les pays de la corne d’Afrique et les puissances occidentales craignent que le mouvement Al Qaeda gagne de l’influence dans la région à travers les islamistes radicaux. D’après l’ONU, plusieurs centaines de combattants étrangers ont rejoint les islamistes radicaux. « La Somalie est envahie par des combattants étrangers qui ont pour principal objectif de faire ressembler le pays à l’Afghanistan et à l’Irak », a déclaré aujourd’hui le président, Sharif Cheikh Ahmed, lors d’une conférence de presse. Il appelle la communauté internationale à aider le pays à vaincre les insurgés.
Au même moment, l’Union Européenne réfléchit à un moyen d’arrêter la piraterie dans le golfe d’Aden, au large de la Somalie. Dans ce cadre, la France prévoit de former l’armée somalienne afin de stabiliser la région à partir de septembre. Ce projet pourrait être repris par l’Union Européenne qui condamne l’avancée des islamistes, une avancée qui fragilise l’Etat et favorise le développement de la piraterie.

La presse somalienne menacée

Jeudi 21 mai, un journaliste de Radio Shabelle, Abdirisak Warsameh Mohamed dit « Gado’o » a été tué par balle alors qu’il traversait la route. La Fédération Internationale des journalistes (FIJ) dénonce une campagne d’intimidation. C’est le troisième journaliste tué depuis le début de l’année. Il y a dix jours, un chef de milice somalien a menacé tous les journalistes qui exprimeraient une opinion différente de celle de son groupe.

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Claire Schaffner
LIRE LA BIO
Claire Schaffner est une journaliste française. Diplômée du master franco-allemand de journalisme du Cuej – université de Strasbourg / université de Fribourg-en-Brisgau – elle s’est d’abord fait remarquer en 2009 comme journaliste web chez Afrik.com, où elle couvrait l’actualité sociale, politique et culturelle du continent africain et signait des papiers très lus sur des sujets tels que la banque des femmes en Tanzanie ou la restitution de la tête du roi Badu Bonsu II au Ghana. Depuis, elle a enrichi son parcours chez Arte Journal, AITV / France Ô et dans la presse écrite franco-allemande, avant de s’illustrer à France 3 par des reportages de terrain et des plateaux en direct. Amoureuse du contact humain et avide de récits, elle met sa plume, sa voix et sa caméra au service de portraits et d’enquêtes qui vont de sa Normandie d’adoption aux quatre coins du monde.
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