Sénégal : Wade courtise ses adversaires


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Abdoulaye Wade a demandé, mercredi lors d’une interview accordé à la RTS, à deux membres de l’opposition, Tanor Dieng et Moustapha Niasse, de rejoindre son gouvernement. Il a promis aux deux poids lourds de la principale coalition de l’opposition, Benno Siggil Senegaal, de les nommer ministre d’Etat et de travailler avec eux jusqu’à la fin de son mandat.

Le chef d’Etat sénégalais crée la surprise. Lors de son intervention mercredi sur la télévision nationale RTS, Abdoulaye Wade a tendu la main aux deux candidats de la principale coalition de l’opposition, Benno Siggil Sénégaal. Il s’agit de Ousmane Tanor Dieng, le chef du Parti socialiste (PS) et Moustapha Niasse, celui de l’Alliance des forces de progrès (AFP). Il leur a proposé de rejoindre la majorité présidentielle. « Je leur propose vraiment de venir avec nous, a estimé Abdoulaye Wade. Pourquoi ces divisions ? », a déclaré le chef d’Etat.

Abdoulaye Wade pousse le bouchon plus loin, affirmant qu’une telle offre a déjà été faite plusieurs fois à l’opposition, sans succès, mais le moment est peut-être devenu « propice », estime-t-il. Il encourage même les deux hommes politiques à rejoindre son camp accompagnés de leurs partis et à prendre le rang de ministre d’Etat avec « tout ce que cela comporte comme avantages ». « Venez, je vais faire de vous des ministres d’Etat c’est mieux que de rester là-bas à parler de n’importe quoi », a-t-il dit.

« Je regrette qu’ils n’aient pas trouvé de candidat »

Toutefois, le dirigeant précise qu’il ne s’agirait pas d’un gouvernement d’union nationale, mais d’un rapprochement destiné à durer jusqu’à la fin de son mandat. Il permettrait ainsi de définir des consensus plus larges. Convaincu de sa victoire à la prochaine élection présidentielle de février 2012, Abdoulaye Wade pense que l’opposition est incapable de s’unir. Benno Siggil Sénégaal est en effet toujours à la recherche du candidat qui se confrontera au dirigeant sénégalais lors du scrutin. « Je regrette qu’ils n’aient pas trouvé de candidat, a ironisé Abdoulaye Wade, parce que le bon vieux Corneille disait « à combattre sans péril on triomphe sans gloire ». » « Tout le monde est avec moi, toutes les forces réelles du pays sont avec moi. Même le peuple est derrière moi », a-t-il déclaré.

« Wade nargue l’opposition »

La presse sénégalaise n’a pas manqué, jeudi, de commenter les déclarations du dirigeant. « A entendre les déclarations du chef d’Etat, on a l’impression qu’il a déjà gagné l’élection présidentielle du 26 février 2012 », note L’Observateur, qui titre « Wade nargue l’opposition ». « A quoi joue Wade ? », questionne le quotidien Enquête. Son concurrent Walfadjri se demande, quant à lui, « si l’appel de Wade à Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng est une simple stratégie électorale ou pas ». Pour L’observateur, « sûr de sa victoire, Wade s’amuse avec Niasse et Tanor ». Le Populaire écrit, pour sa part, que « Niasse et Dieng étant réputés pour ne pas marcher sur la tête, sa Majesté (Wade) […] peut encore festoyer, seule, avec sa cour… »

Assanatou Baldé
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Assanatou Baldé est une journaliste sénégalo-française installée à Paris, . Indépendante, elle signe régulièrement dans plusieurs médias panafricains et féminins — Afrik.com, Amina Magazine, K-World Magazine, Afrikastrategies ou encore la radio américaine AWR — traitant aussi bien d’actualité politique que de culture ou de success-stories entrepreneuriales . Engagée pour les droits humains, l’égalité femmes-hommes et les questions migratoires, elle a réalisé le documentaire « Un Paris d’exil », qui dévoile le quotidien précaire des demandeurs d’asile installés sous les ponts de la capitale française . Portée par un afro-optimisme assumé, Assanatou Baldé insiste, dans ses articles comme dans ses conférences, sur l’urgence de préparer la jeunesse africaine à l’horizon 2050 — date à laquelle le continent comptera près de 2,5 milliards d’habitants — en s’appuyant sur l’éducation, l’innovation et la mobilité internationale
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