Sénégal : les premiers immigrants clandestins rapatriés du Maroc


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140 immigrants clandestins sénégalais, livrés au désert marocain par les autorités chérifiennes après avoir tenté de passer en Espagne, ont été rapatriés lundi soir vers leur pays. Bamako a également commencé à rassembler ses ressortissants, afin de leur faire regagner le Mali après identification et sur la base du volontariat.

Les immigrants clandestins subsahariens lâchés en plein désert par les autorités marocaines, la semaine passée, après avoir tenté de forcer le passage vers l’une des enceintes espagnoles de Ceuta et Melilla, ont reçu le secours de leurs pays d’origine. Afrik était entré jeudi en contact avec l’un d’eux, Ousmane, un jeune Sénégalais qui témoignait avoir sollicité en vain son ambassade pour les secourir, lui et une centaine de compagnons d’infortune. Lundi soir, un premier avion à destination de Dakar a décollé d’Oujda avec à son bord 140 migrants clandestins. L’ambassadeur du Sénégal avait annoncé dimanche le regroupement de « 490 compatriotes » dans la ville frontalière avec l’Algérie afin de les rapatrier vers la capitale sénégalaise. 81 se trouvaient à Bouarfa (540 km à l’est de Rabat), d’où s’exprimait Ibou N’Diaye, « 131 autres erraient dans le désert à Ain Chouater (250 km plus au sud) », 91 se trouvaient à Oujda alors que 189 avaient été interpellés à Nador, près de l’enclave espagnole de Melila.

De son côté, l’ambassadeur du Mali, Moussa Coulibaly, joint par téléphone, a confirmé lundi que le même type de mesure a été pris par Bamako pour « pas moins de 600 personnes et en collaboration avec les autorités marocaines ». Les immigrants attendent à Oujda d’être rapatriés vers la capitale malienne « après leur identification comme Maliens et sur la base du volontariat », insiste Moussa Coulibaly. L’ambassadeur, qui confirme que des ressortissants maliens sont entrés en contact avec l’ambassade pour lui réclamer de l’aide, assure que son pays « a réagi, en contact avec les autorités marocaines, dès le problème connu ».

Vers la Mauritanie

Le premier conseiller de l’ambassade de Guinée au Maroc, Aboubakar Sylla, a eu moins de succès dans son entreprise. Au téléphone jusqu’à une heure du matin, samedi soir, avec l’un de ses 70 compatriotes localisés dans la zone de Bouarfa, le diplomate et son collaborateur n’ont trouvé que des vêtements, des chaussures et des bouteilles éparpillées lorsqu’ils sont arrivés sur place. L’un d’eux a d’abord cru que les autorités marocaines les avaient délestés en les envoyant vers le désert, selon Libération. Selon des informations reccueillis mardi matin auprès du responsable guinéen des étudiants africains et de l’association marocaine des Amis et Familles des Victimes de l’Immigration clandestine (AFVIC), tous les non sénégalais et maliens ont été forcés par les autorités, dimanche matin, à monter dans des bus en direction de Goulimine, à la frontière mauritanienne.

Le ministre marocain délégué aux Affaires Etrangères, M. Taïeb Fassi-Fihri, a indiqué qu’une réunion avait eu lieu samedi avec des diplomates de sept pays africains pour examiner avec eux « le meilleur moyen de trouver une solution à cette situation dramatique ». « Comme l’Europe ne nous aide pas, nous essayons de régler l’affaire directement avec les pays africains dont sont originaires ces émigrés », a-t-il commenté.

Lundi soir, Ousmane se trouvait toujours près de l’aéroport d’Oujda et attendait l’avion qui devait le rapatrier vers son pays. Outre la quinzaine de morts qu’il dit avoir laissé derrière lui la semaine passée, et le fait de retourner chez lui après trois années d’errance et trois tentatives d’incursion en Espagne, Ousmane se dit écœuré de voir que les migrants passés avec succès à Ceuta risquent eux-aussi d’être renvoyés au Maroc. « Avec l’autorisation de l’Union européenne », insiste-t-il. Selon ce qui va se passer pour ses camarades, Ousmane n’écarte pas l’idée de retenter sa chance dans le futur. En attendant, avant de retrouver ses frères et sœurs en Casamance, il espère travailler quelque temps à Dakar, « pour ne pas rentrer sans rien ».

Réactualisé mardi à 13h00

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