Sénégal : les avocats de Karim Wade sont « incohérents » et « brouillons », selon le parquet


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Le procès de Karim Wade se poursuit toujours au palais de justice de Dakar. Au terme d’une longue plaidoirie, la défense a réclamé l’annulation de l’ensemble de la procédure juridique dont le fils de l’ancien président sénégalais a fait l’objet, dénonçant une violation de ses droits. De son côté, le parquet a rejeté cette requête, dénonçant des avocats « incohérents » et « brouillons ».

Au Palais de justice, à Dakar,

Contrairement à d’habitude, la salle d’audience est moins pleine ce jeudi au procès de Karim Wade, qui se déroule depuis le 31 juillet au palais de justice, à Dakar. Le fils de l’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade est accusé d’enrichissement illicite. Ses sympathisants crient une fois de plus en l’apercevant dès son arrivée dans le box : « Karim président ». Au terme d’une longue plaidoirie de la défense, qui avait eu la parole tout la journée de mercredi, dénonçant la violation de l’ensemble des procédures juridiques, réclamant ainsi leur annulation, le parquet est autorisé à faire son réquisitoire. Et ce dernier ne cache pas son impatience lorsqu’il prend la parole réclamant au juge d’être clément après avoir écouté les plaidoiries de certains avocats de la défense qui ont duré plus de deux heures. Le parquet qui a reçu plusieurs piques de la part de ces derniers, remettant en cause son indépendance, a dénoncé les « incohérences » des avocats d’une défense jugée «brouillon », pour reprendre les terme de l’un des conseils de Karim Wade. Selon le procureur spécial, le parquet ne doit pas être mis en cause dans l’enquête préliminaire car elle a été menée de fond en comble durant six mois. D’après lui, la loi lui donne le droit de choisir ceux qui vont la mener, contrairement à ce qu’affirme la défense.

« Relisez le dossier, vous ne le connaissez pas ! »

Alors que la défense accusait le parquet d’avoir considéré la demeure de l’ex-président Abdoulaye Wade, située au Point E comme étant un bien que Karim Wade s’est illicitement approprié, le procureur spécial appelle les avocats de l’ancien chef d’Etat à revoir le dossier. « Nous n’avons jamais affirmé que la demeure d’Abdoulaye Wade faisait parti du patrimoine de Karim Wade, s’écrie le procureur spécial. Alors ne nous faites pas un faux procès. Je connais cette maison depuis que je suis enfant. Je sais parfaitement qu’elle appartient à Abdoulaye Wade et qu’elle existait bien avant que Karim soit né. Si vous avez mal lu le dossier allez le relire ».

Le parquet estime également que la commission d’instruction a fait un « travail formidable », alors que la défense n’a cessé depuis le début de cette affaire de décrier sa légitimité. La défense a aussi dénoncé immoral le fait que l’Etat sénégalais se soit porté partie civile, réclamant l’irrecevabilité de sa constitution. Argument balayé par le procureur spécial, qui assure que l’Etat a parfaitement le droit de se constituer partie dans un dossier et de réclamer des réparations s’il estime avoir été lésé. Les avocats de Karim ont également évoqué l’interdiction de sortie de territoire de leur client, la jugeant non justifiée allant jusqu’à saisir la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO). Seulement, le parquet estime que la défense, constituée de fins avocats, a même réussi à tromper la CEDEAO, soulignant que cette décision est justifiée par la loi. « La CEDEAO est rentrée en contradiction avec elle-même. Lorsqu’elle a été saisie, elle a d’abord affirmé qu’elle ne peut pas apprécier les lois de ce pays et ensuite elle rend une décision en faveur de la défense. Donc cela veut dire qu’elle apprécie les lois de ce pays alors ! »

« L’audience perturbé par les partisans de Karim Wade »

Une fois l’ensemble des réquisitions du parquet terminées, des militants de Karim Wade l’applaudissent, acclamant son nom. Le juge qui n’a alors même pas levé l’audience se met en colère, rappelant d’un ton ferme que l’audience n’est pas terminée et que tout le monde devrait se rasseoir à sa place sous peine de comparaître devant la Cour. Mais certains persistent continuant de crier « Karim Président », malgré l’intervention des forces de l’ordre. Deux, personnes sont interpellées, une mère de famille et une jeune homme de 26 ans. Le juge ordonne alors la suspension du procès de Karim Wade, exigeant la comparution immédiate des deux personnes interpellées. Les juge ordonnent finalement qu’on les libère. Sous les applaudissements des partisans de Karim Wade, le juge leur a rappelé qu’il est interdit de faire signes de réprobation ou d’approbation durant l’audience et que toute personne qui l’a perturbe peut encourir jusqu’à deux ans de prison ferme.

L’audience reprendra lundi matin. Ce sera alors au tour de la partie civile de prendre la parole.

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