Sénégal : le nouveau président de l’Assemblée nationale prône la rupture


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Moustapha Niasse, le leader de l’Alliance des Forces de progrès (AFP), et tête de liste de la coalition Benno Bokk Yakaar (le parti de la majorité présidentielle) a été élu 11e président de l’Assemblée nationale du Sénégal ce lundi à Dakar.

La majorité présidentielle a gagné les élections législatives. Moustapha Niasse, le candidat de Benno Bokk Yakaar, a été élu dans un fauteuil dès le premier tour du scrutin avec 126 voix sur 146 votants dont trois bulletins nuls. Aucune abstention n’a été notée. Son unique challenger Oumar Sarr, du Parti démocratique sénégalais (PDS, opposition), n’a obtenu que 17 voix. La nouvelle Assemblée nationale compte 150 députés dont 119 sont issus de la coalition Benno Book Yakaar, le parti de la majorité présidentielle.

« Une Assemblée de rupture »

Après son élection, M. Niasse, 73 ans, a tenu un discours de dix pages pour définir sa politique et sa vision. « L’Assemblée nationale n’est pas un ennemi et ne saurait avoir une position antagoniste vis-à-vis de l’exécutif parce que l’objectif est le même : conduire le pays et le changer, faire les lois et les faire appliquer. Que cela soit l’Assemblée (nationale) ou l’exécutif, le travail reste le même : faire prévaloir les principes de justice, d’ouverture et d’équité dans l’esprit et dans l’action. Les deux doivent travailler de concert pour faire avancer le pays », a soutenu le nouveau président de l’Assemblée nationale.

Et de poursuivre : « l’Assemblée doit inscrire son action dans la prise en charge des préoccupations des citoyens sénégalais, en jouant son rôle de manière harmonieuse avec le gouvernement. Nous devons prendre en charge les priorités de notre pays, notamment la jeunesse. Nous devons la former, l’éduquer et lui trouver du travail. Nous devons nous préoccuper aussi du monde de la production, les paysans, les pasteurs, les ouvriers et les patrons d’entreprises, faire ensemble pour que les administrés et les administrateurs trouvent une osmose dans l’action solidaire », a fait savoir Moustapha Niasse sous les applaudissement de ses partisans et ses homologues députés.

Son parcours politique

Né le 4 novembre 1939 dans la région de Kaolack (au centre du pays), cet ancien administrateur civil, devenu politicien et homme d’affaires, lance son parti l’Alliance des forces de progrès (AFP) le 16 juin 1999. Puis, il est candidat à trois reprises à l’élection présidentielle en 2000, 2007 et 2012, où il se place souvent comme le faiseur de rois. Après les scrutins de 2000 et 2007, M. Niasse a été le candidat de Benno Siggil Senegaal (BSS) à la présidentielle de février-mars dernier. Il était arrivé troisième au premier tour, derrière le sortant Abdoulaye Wade et Macky Sall, qu’il a soutenu dans son élection au second tour, en mars.

Disciple de l’ancien président socialiste Léopold Sédar Senghor, M. Niasse apportait pourtant son soutien au vieil opposant libéral Abdoulaye Wade, élu le 19 mars 2000 en remplacement du socialiste Abdou Diouf. Avec ce dernier, il a gardé une rivalité qui remontait à l’ère Senghor. M. Niasse est un ancien baron du Parti socialiste (PS) et de son pouvoir qu’il avait lâché depuis 1998. En récompense, le Président Wade, aussitôt installé en avril 2000, le ramena à la Primature (au poste de Premier ministre, ndlr), qu’il avait quittée sans gaîté, exactement dix-sept ans plus tôt, sous le régime d’Abdou Diouf.

Le Président Maky Sall, qu’il a soutenu sans condition à la dernière présidentielle au Sénégal, a voulu le récompenser de son soutien, en le préférant pour le Perchoir. Mais avant lui, l’Assemblée nationale du Sénégal a connu dix présidents en majorité des socialistes. Lamine Guèye (1960-1968), puis Amadou Cissé Dia (1968-1983), Habib Thiam (1983-1984), Daouda Sow (1984-1988), Abdoul Aziz Ndaw (1988-1993), Abdoul Khadre Cissokho (1993-2001); tous du parti socialiste (l’ancien parti au pouvoir). Youssou Diagne (2001-2002), Pape Diop (2002-2007), Macky Sall (2007-2008) et Mamadou Seck (2008-2012) sont quant à eux issus du Parti démocratique sénégalais (PDS), une formation qui a perdu la présidentielle du 25 mars 2012 puis les législatives du 1 juillet 2012.

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