Sénégal : la recette du Tiebou Dieune modifiée à cause de la hausse des prix


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La fin du Ramadan s’est fêtée ces samedi et dimanche au Sénégal. Les familles ont été contraintes de dépenser davantage. Et pour cause, les commerçants ont doublé les prix des denrées de première nécessité, comme l’huile, les oignons, le sucre, la tomate ou encore la viande. Certains foyers ont préféré faire l’impasse sur plusieurs ingrédients pour la préparation des plats traditionnels, par exemple le Tiebou Dieune. Reportage dans un marché de Dakar.

(De notre correspondant)

Le litre de l’huile qui se vendait avant à 900 FCFA (1.37 euros) a connu une hausse spectaculaire de 300 FCFA (0.46 euros). Le kilogramme de sucre en poudre, au lieu de 650 FCFA (0.99 euros) se vend depuis vendredi à 750 (1.14 euros) voire 800 FCFA (1.22 euros). L’oignon, très sollicité en cette période festive, passe de 390 (0.59 euros) à 500 FCFA (0.76 euros). Le pot de tomates de 500g passe de 850 (1.30 euros) à 1100 FCFA (1.68 euros) et le kilo de viande se négocie désormais entre 4000 (6.10 euros) et 4500 FCFA (6.86 euros), alors qu’il se vendait à 3500 (5.34 euros). Ces prix, propres à Dakar, augmentent dans d’autres villes compte tenu des frais de transport de la marchandise.

Les foyers s’insurgent

Birama N’diaye, enseignant de profession accompagné de son épouse au marché des HLM 5 de Dakar, s’inquiète de cette situation : « Nous sommes au marché depuis plus de 60 minutes, mais on n’arrive pas à mettre quelque chose dans le panier alors que nous sommes à quelque heures de la fête de l’Aïd el Fitr. Nous avons arpenté en vain toutes les allées de ce marché pour trouver des denrées à des prix raisonnables. Les commerçants ont augmenté les prix sans prévenir personne », déplore-t-il.

Ndye Fatou Thiam, mère de trois enfants, s’insurge également : « Depuis hier je ne parviens pas à dormir tranquillement, mon mari n’a pas pu obtenir son avance de salaire. Le peu que nous avons est insignifiant pour faire face à de telles dépenses. Je suis au marché, dans l’espoir d’acheter quelques denrées alimentaires pour ne pas décevoir nos enfants. Cependant, il faut déplorer la hausse vertigineuse des denrées alimentaires, très sollicitées. Et l’Etat ne fait rien et ne met pas des garde-fous pour dissuader ces commerçants véreux. Nous, les pauvres gens, nous sommes à la merci de ces commerçants et ils nous imposent n’importe quel prix. Je vais certainement modifier le plat traditionnel pour ne pas tomber dans les dettes », indique cette mère de famille.

Pour Penda Dione, animatrice dans une radio communautaire de la place, « la seule solution qui s’impose est de modifier la recette du traditionnel Tiebou Dieune national. Parce que toutes les denrées ont connu une hausse avant la fête de 15 août. (…) Il est important que les gens ne s’endettent pas à cause de cette fête et essayent de dépenser selon leurs moyens », conseille cette animatrice de radio.

Les commerçants revoient la balle à l’Etat

Ibou Digne, un des commerçants les plus influents de la ville de Dakar, accuse le gouvernement « C’est la faute aux taxes que l’actuel régime ne cesse d’imposer aux importateurs et aux petits commerçants. Sans compter les petites institutions comme les municipalités et la douane, qui nous imposent leurs taxes journalières, qui font que les prix ont connu une hausse et l’Etat est responsable de cette situation », précise ce grossiste.

Même son de cloche du côté de Maser Diop, commerçant détaillant : « L’Etat joue un double jeu, il faut que le tout le monde le sache : aucun commerçant n’a le droit de fixer son propre prix. Nous avons fixé les prix selon les charges que le gouvernement nous a imposées. Maintenant, si le président Macky Sall et son gouvernement veulent vraiment aider le peuple sénégalais, qu’ils mettent fin à certaines taxes. Du coup, nous casserons immédiatement les prix et la vie reprendra son cours normal », a-t-il préconisé.

Lorsque Macky Sall est devenu président du Sénégal, en mars 2012, de nouveaux prix pour les denrées alimentaires avaient été indiqués. Mais les commerçants n’ont jamais respecté ces mesures car ils dénoncent les modalités selon lesquelles ces prix ont été fixés.

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