Sénégal : la police réprime durement une manifestation contre la cherté de la vie


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La manifestation organisée dans Dakar, la capitale, le 30 mars, par des citoyens sénégalais pour protester contre la cherté de la vie a été réprimée « brutalement » par la police, selon des organisations de défense des droits humains.

« Le ministère de l’Intérieur ou tout au moins les forces de police pensent que maintenir l’ordre signifie durcir la répression », a confié à IRIN Léonard Vincent, directeur Afrique de Reporters sans frontières, une organisation de défense de la liberté de la presse, sise à Paris.

La police a fait usage de grenades lacrymogènes et de matraques pour disperser la manifestation organisée par l’Association des consommateurs du Sénégal (ASCOSEN) pour protester contre la hausse récente du prix du riz, de l’huile et du savon.

Selon les autorités de Dakar, la manifestation était interdite. Au moins 24 personnes ont été arrêtées et bon nombre sont encore détenues, d’après l’Agence France Presse.

Quant à la RADDHO (Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme), un collectif d’organisations de défense des droits humains, sis à Dakar, elle a indiqué dans un communiqué du 30 mars, qu’elle condamnait fermement les actes « innommables » commis par les forces de sécurité, qui « violent » les droits humains.

La RADDHO, qui a assimilé l’utilisation présumée de matraques électriques à un acte de « torture », appelle à l’ouverture d’une enquête sur « tous les actes de violence et les mauvais traitements infligés aux manifestants ».

Les agents de police responsables de tels actes devraient être arrêtés et punis, d’après le communiqué de la RADDHO.

Les forces de sécurité auraient également brutalisé des journalistes et confisqué les vidéos de certains cameramen. « Effacer les images des affrontements et empêcher leur diffusion sur une chaîne de télévision n’est pas la manière la plus efficace de maintenir l’ordre », a déclaré Reporters sans frontières, dans un communiqué publié le 31 mars.

En Afrique de l’Ouest et dans d’autres régions du monde, les populations sont descendues dans la rue pour protester contre la hausse du prix du carburant, des denrées alimentaires de base, et d’autres produits de première nécessité.

Dans un récent entretien avec la presse, Abdoulaye Bathily, un des leaders de l’opposition, avait déclaré qu’en raison de la pauvreté grandissante et du non-respect des droits humains constatés au Sénégal, le pays était aujourd’hui « une bombe qui pourrait exploser à tout moment ».

Pour sa part, Bacar Dia, le porte-parole du gouvernement, avait déclaré peu de temps avant les manifestations que le coût élevé de la vie était un phénomène mondial, et avait accusé les partis politiques de l’opposition d’inciter les jeunes à enfreindre la loi en les faisant descendre dans la rue pour participer à une marche illégale.

M. Dia n’était toutefois pas joignable pour commenter les récentes accusations de brutalité, formulées à l’encontre de la police.

Photo: Amath Thiam, Dakar, nov. 2007

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