Sénégal : Hissène Habré risque 30 ans de prison ou la perpétuité


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La machine judiciaire s’emballe contre l’ex-chef d’Etat tchadien. En effet, Hissène Habré fera aujourd’hui face au juge d’instruction près les Chambres africaines extraordinaires. Si l’on se fie aux propos du Procureur général qui faisait face à la presse lundi, Habré sera, très vraisemblablement, placé sous mandat de dépôt, au vu des charges de crimes de guerre, de tortures et de crimes contre l’humanité qui pèsent sur lui. Il risque 30 ans de prison et la perpétuité.

L’épée de Damoclès est suspendue sur la tête de l’ex-homme fort du Tchad. Habré qui risque 30 ans de prison et la perpétuité sera vraisemblablement placé sous mandat de dépôt ce mardi. Car il existe des indices graves concordants de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et de tortures, a révélé le Procureur général près les Chambres africaines, justifiant ainsi l’arrestation musclée de Hissène Habré à son domicile, dimanche dernier. « C’est pour éviter tout trouble à l’ordre public, que la Dic a agi ainsi. Hissène Habré avait menacé de se tuer ou de tuer des gens le jour où on viendra l’arrêter », a fait savoir M. Fall.

Les accusations qui pèsent contre Habré

Sur la base des documents qui lui ont été transmis par la justice Belge, les magistrats du Tchad et les organisations des droits de l’Homme (Humans rights, Amnesty international), M Mbacké Fall estime qu’il a tous les éléments nécessaires pour poursuivre et arrêter M Habré. Poursuivant son réquisitoire à charge, le Procureur Mbacké Fall, entouré de ses collaborateurs, a indiqué que l’appareil répressif mis en place par Habré était un appareil de terreur. « Ce qui avait conduit à plusieurs centres de détention très exigus, doublés d’une mauvaise alimentation. Sans compter la chaleur accablante qui participait, en grande partie, au taux élevé de pertes en vies humaines », a-t-il insisté.

Avant d’enfoncer le clou : « c’est Habré lui-même qui a créé la Direction de la Documentation et de la Sécurité (DDS) et nommé ses agents dont il recevait régulièrement des rapports. Il avait connaissance des exactions commises par ses troupes ». La DDS est notamment considérée comme étant à l’origine des exécutions et actes de tortures à l’encontre des opposants d’alors. « Ces indices ont été découverts lors de missions récentes en Belgique – où une instruction a déjà été menée à l’encontre d’Habré, à la suite d’une plainte d’un citoyen belge – ainsi qu’au Tchad », a déclaré le Procureur. Avant de poursuivre que Habré sera présenté aujourd’hui devant un juge d’instruction du tribunal spécial qui décidera de son inculpation et de sa mise en détention préventive éventuelles.
Toutefois, il a tenu à préciser que cette affaire peut révéler des surprises. « Le juge d’instruction peut prendre un avis contraire à celui du Parquet, s’il n’est pas d’accord avec lui. Si, à la suite des investigations, le juge d’instruction estime qu’il y a lieu de renvoi devant la Cour d’assises, il prendra une ordonnance de mise en accusation et de renvoi devant la chambre africaine extraordinaire d’assises. Par ailleurs, si une décision n’agrée pas l’une des parties, celle-là pourra faire appel auprès de la chambre africaine extraordinaire d’appel », a dit M Fall.
Mandats d’arrêts contre ses complices !

En tenant, hier, sa conférence de presse, le Procureur de la république Mbacké Fall a révélé la liste des personnalités militaires et politiques tchadiennes, qui ont aidé l’ancien Président à commettre ses actes « criminels ». Les recherchés sont Mahamat Nouri, l’ancien dirigeant de la rébellion UFDD, l’Union des Forces pour la Démocratie et le Développement, Bichara Idriss Haggar, ancien membre du bureau politique, Bandjim Bandoum, ancien de la DDS et Abakar Torbo, ancien chef de la police. Bandjim Bandoum et le Général Mahamat Nouri, qui a été ministre sous Habré et Déby, vivent actuellement en France. Guihini Korei, ancien patron la DDS, est le neveu du président Habré. Abakar Torbo est réfugié au Cameroun, tandis que Bichara Idriss Haggar vit aujourd’hui au Canada et Djibril Eldionto toujours dans la nature.

Selon le Procureur général, « toutes ces personnes seront traquées grâce à des mandats d’arrêt et Interpol se chargera de les ramener à Dakar. Le Procureur et ses substituts ont indiqué à la presse qu’ils veulent aller vite et bien dans cette affaire de Habré qui prend beaucoup de temps.

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