Sénégal : après un décollage en 2014, où en est le e-commerce ?


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Pour beaucoup, 2014 a marqué l’année du décollage du e-commerce au Sénégal avec la création de plusieurs structures d’e-commerce et l’arrivée de grands groupes internationaux. 3 ans après quelle est la situation actuelle de ce secteur économique au Sénégal.

Les choses bougent est-on tenté de dire au vu du nombre de structures d’e-commerce créées entre 2014 et 2017. On recense actuellement pas moins de 70 sites professionnels d’e-commerce qui se bousculent sur un marché qui est qualifié porteur. Entre promoteurs locaux et grands groupes internationaux qui ont pris pignon sur internet, le nombre d’utilisateurs est en forte progression. De moins de 600.000 en 2014, le nombre de Sénégalais à avoir effectué un achat en ligne avoisine de nos jours 1.000.000, un chiffre qui devrait d’ici 2020 être porté à plus de 2 000 000 si la tendance se poursuit. On voit nettement que les consommateurs sénégalais se familiarisent un peu plus avec les plateformes de commerce électronique.

Mais derrière cet intérêt croissant des sénégalais pour le commerce en ligne, se cache de nombreuses difficultés dont font face au quotidien les e-commerçant sénégalais. « Aujourd’hui, on ne peut dire que le e-commerce soit une activité bien rodée au Sénégal. Nous sommes actuellement dans une phase d’éducation des populations par rapport aux pratiques du commerce électronique. Mais quand on compare le développement de ce secteur dans certains pays européens et le nombre d’années qu’il a fallu pour en faire un secteur prospère, on peut dire que nous sommes sur la bonne voie et que le processus devrait très rapidement porter des fruits », explique Ismael Cabral Kambell, de Jumia Travel, l’une des entreprises pionnières de ce secteur au Sénégal. Avec un taux de bancarisation assez faible, environ 15 %, mais qui a connu une légère progression par rapport à 2016, le Sénégal entre ainsi dans une perspective du e-commerce intéressante.

Toutefois, même si aujourd’hui certaines entreprises semblent sortir leur épingle du jeu, grands nombres ont cependant laissé des plumes et ont dû fermer boutique. C’est le cas du géant français Discount qui après une année d’activités a mis la clé sous le paillasson. C’est dire que les réalités sont souvent un frein aux ambitions des grands groupes qui tentent par un mécanisme souvent mal rodé à importer un modèle qui a fait ses preuves ailleurs sur le sol africain. Une stratégie qui a montré ses limites et permis aux acteurs actuels de mieux cerner les complexités du marché sénégalais, qui demande aux e-commerçant de bien comprendre les besoins des populations en terme d’achat et de n’y apporter que des solutions et des services attirants et adaptés.

Même si ce lot n’est pas à mettre théoriquement dans le cadre du e-commerce, il est en tout de même une résultante. Il s’agit des vendeurs qui se multiplient sur les réseaux sociaux, notamment Facebook, et qui proposent des services ou des ventes de produits. Une activité qui est devenue pour bon nombre de revendeurs qui n’ont pas les moyens de se doter d’un site d’e-commerce une véritable alternative.

L’un des obstacles, en plus du fait que le Sénégalais est plus enclin à acheter ce qu’il voit et touche, reste le taux de bancarisation très faible comme dans beaucoup de pays africains. Ce qui réduit considération les transactions en ligne. Pour y faire face, les acteurs du e-commerce sénégalais se tournent désormais vers les solutions de paiement mobile qui connaissent un vrai engouement de la part des populations.

Un secteur à réglementer

Il n’existe pas encore un cadre légal du commerce électronique au Sénégal. Une véritable préoccupation pour un secteur qui connaît une croissance fulgurante et qui risque de se transformer en un secteur « informel », une véritable jungle ou les dividendes générés échapperaient aux autorités. Par ailleurs, à chaque transaction l’e-commerçant procède à une collecte de données personnelles et à l’absence d’une réglementation stricte et de professionnalisation des acteurs un chaos pourrait naturellement s’installer.

Comme dans le commerce traditionnel, le commerce électronique utilise des moyens de paiements plus ou moins originaux dont il est important de contrôler. Malgré les efforts conjugués par les acteurs du secteur, on est jamais loin de cas de fraudes. Il est donc pour continuer à instaurer un climat de confiance et une croissance maximale à ce secteur économique, que l’Etat sénégalais s’active dans la réglementation de ce secteur, afin de rassurer davantage et de renforcer les liens entre e-commerçants et acheteurs en ligne de commerce.

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