Roman camerounais : le grand branle-bas de Mongo Beti


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Couverture du livre de Mongo Beti
Couverture du livre de Mongo Beti

Il y a de la santé et de la vigueur dans le nouveau roman de Mongo Beti, écrivain camerounais et agrégé de lettres classiques, esprit libre et pourfendeur impénitent des vices et des faiblesses de l’Afrique contemporaine.

Avec Branle-bas en noir et blanc, l’auteur de Trop de soleil tue l’amour nous offre une aventure moderne, à mi chemin entre l’exubérance verbale de San Antonio et la fantaisie narrative de Rabelais.

Mais le monde qui est dépeint et fustigé, c’est un peu celui de beaucoup d’Etats africains contemporains, avec une capitale qui s’arrête de vivre pendant une journée quand le cortège présidentiel doit la traverser, entre l’aéroport et le palais, mais où la police ne sert plus qu’à rançonner les camionneurs et à protéger les dirigeants, ayant abdiqué toute responsabilité dans l’encadrement d’une société dont elle n’applique pas les lois, mais dont elle partage les pratiques tacites, même illicites…

Dépasser les frontières

L’enquête que mène Eddie, ancien avocat marron devenu détective privé, et ayant un fort penchant pour l’alcool, va le conduire à travers tous les milieux de cette société qui cahote et n’a plus pour règle que l’individualisme et la débrouille. Tour à tour truculente, cruelle, dérisoire, cette farce à la mode du vingt et unième siècle se lit comme un tourbillon, et l’on est emporté, avec les héros, de rebondissement et rebondissement.

Il ne faut pas voir dans cette exubérance romanesque une description fidèle du Cameroun, pas plus que d’une autre République africaine : la force de l’écrivain est de dépasser les frontières, et de nous livrer une féroce peinture des faiblesses humaines. Ni dans un camp, ni dans l’autre, mais partout à la fois : le roman comme satire et le style comme poignard. En somme, une nouvelle preuve de la confiance de Mongo Beti dans la force de la littérature, pour résoudre les maux qui frappent les sociétés africaines. Mais n’est-ce pas le moins, pour ce professeur qui a choisi de faire vivre, à Yaoundé, la Librairie des peuples noirs ?

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