RDC : vers la réouverture du dossier de l’affaire Chebeya ?


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Assassinat de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana

De nouveaux éléments dans l’affaire Chebeya viennent d’être publiés par Radio France Internationale (RFI) qui pointent des responsabilités dans l’assassinat du défenseur des droits humains et de son chauffeur, Fidèle Bazana, plus de 10 ans après les faits. L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme (FIDH-OMCT), la Ligue des Électeurs, le Groupe Lotus, l’Association africaine de défense des droits humains (ASADHO) et la Voix des Sans-Voix pour les droits de l’homme (VSV), appellent à la réouverture du dossier Chebeya.

Des éléments nouveaux sur les circonstances de l’assassinat du défenseur des droits humains Floribert Chebeya et de son chauffeur, Fidèle Bazana, le 1er juin 2010 en RDC, viennent d’être révélés par RFI, qui les tient de sources policières en exil.

Hergile Ilunga wa Ilunga, à l’époque des faits adjudant de la police au service du colonel Daniel Mukalay et Alain Kayeye Longwa, lui-même chauffeur du major Christian Ngoy Kenga Kenga, aujourd’hui en exil, apparaissent comme les deux exécutants du double assassinat dans l’affaire Chebeya. Ils ont notamment expliqué comment Floribert Chebeya et Fidèle Bazana ont été tués ce 1er juin 2010 par une équipe de policiers mise sur pied par les haut gradés de l’Inspection générale de la Police nationale congolaise (PNC) à Kinshasa, Daniel Mukalay et Christian Ngoy, sur ordre du général John Numbi, alors Inspecteur général de la PNC, protégé de Joseph Kabila, à l’époque président de la RDC, confortant ainsi les déclarations déjà faites par Paul Milanbwe à RFI en 2012.

Hergile Ilunga wa Ilunga et Alain Kayeye Longwa auraient participé à l’exécution extrajudiciaire des deux activistes en transportant les corps et en mettant leur mort en scène. Leurs déclarations révèlent un élément clé de l’affaire, resté sous silence jusqu’à présent : l’assassinat et l’emplacement du corps de Fidèle Bazana, considéré comme disparu depuis 10 ans. Le corps, selon leurs dires, serait enterré sur la parcelle du colonel Djadjidja, chef de la police militaire à l’époque.

Après l’arrestation de Christian Ngoy Kenga Kenga en septembre dernier à Lubumbashi, les deux exécutants ont fui le pays, craignant que les commanditaires ne les sacrifient. Ils vivent aujourd’hui en exil et se disent prêts à comparaître devant la justice congolaise si leur sécurité est assurée.

Suite à la publication par RFI de nouveaux éléments dans l’affaire Chebeya, l’Observatoire, la Ligue des Électeurs, le Groupe Lotus, l’ASADHO et la VSV appellent les autorités congolaises à rouvrir le dossier pour que la vérité éclate et que la justice soit enfin rendue, permettant d’appréhender les plus hauts niveaux de responsabilité qui ont jusqu’à présent été épargnés par la justice congolaise. La sécurité des nouveaux témoins qui pourraient également être poursuivis devra être assurée par les autorités congolaises et les preuves, conservées.

«Il est grand temps que justice et vérité se fassent dans cette affaire, que les cartes tombent. Le président de la RDC s’y est engagé. La réouverture du procès est inévitable», estime Paul Nsapu, Vice-président de la FIDH et président de la Ligue des Électeurs.

«Ces révélations témoignent du rôle joué par les autorités congolaises dans l’assassinat de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana et rappellent une nouvelle fois l’urgence que justice leur soit enfin rendue», a réagi Gerald Staberock, secrétaire général de l’OMCT. «La démocratie et l’Etat de droit ne peuvent plus attendre. Il est urgent que l’Etat congolais mette enfin un terme à l’impunité et protège les défenseurs des droits humains».

Plus d’informations sur cette affaire

° L’Observatoire, partenariat de la FIDH et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), a vocation à protéger les défenseurs des droits de l’Homme victimes de violations et à leur apporter une aide aussi concrète que possible. L’OMCT et la FIDH sont membres de ProtectDefenders.eu, le mécanisme de l’Union européenne pour les défenseurs des droits de l’Homme mis en œuvre par la société civile internationale.

° La Ligue des Électeurs (LE), créée en 1990, a pour objectif le soutien au développement démocratique, notamment par la défense des droits de l’Homme et la promotion de la culture électorale. La Ligue effectue des activités de formation de membres des associations de la société civile en qualité d’animateurs du mouvement démocratique ; des activités de sensibilisation populaire sur les droits de l’Homme ; des missions internationales d’évaluation et d’observation électorale.

° Le Groupe Lotus est une organisation non gouvernementale basée à Kisangani. Il dénonce les violations des droits de l’Homme, alerte l’opinion publique, enquête sur les pratiques des autorités pour contraindre les gouvernants à respecter la règle de droit. Il soutient ceux et celles qui souffrent de discrimination et de l’oppression en raison de leur appartenance à un groupe social, national ou religieux ou de leur opinion politique. Il informe, enseigne et promeut les valeurs des droits de l’Homme et les principes démocratiques pour les faire avancer en RDC.

° L’ASADHO, créée en 1991, poursuit les objectifs de défense, promotion et sauvegarde des droits et libertés individuelles et collectives ; du respect de la primauté de la loi et l’indépendance de la Justice en vue de la consolidation de l’État de droit, base d’une société démocratique ; de contribuer à l’approfondissement de la sensibilisation aux droits de l’Homme.

° La Voix des Sans-Voix pour les droits de l’homme (VSV), est une organisation non gouvernementale de défense des droits de l’homme créée en 1983 et basée à Kinshasa. La VSV s’investit activement dans les efforts de redynamisation de la société civile afin d’accroître l’efficacité du mouvement pro-démocratique en vue de l’avènement d’un État de droit en RDC.

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