RDC-USA : Tshisekedi défend un partenariat stratégique et rejette toute accusation de « bradage » des ressources nationales


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Le Président Félix Tshisekedi en plein exercice diplomatique
Le Président Félix Tshisekedi en plein exercice diplomatique

Lors de la célébration de la Journée internationale de la liberté de la presse organisée ce lundi 5 mai à l’Hôtel du Fleuve à Kinshasa, le Président congolais, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a profité de la tribune pour clarifier les intentions de son gouvernement dans le cadre d’un partenariat stratégique en cours de négociation avec les États-Unis.

À l’occasion des manifestations officielles de célébration de la journée internationale de la liberté de la presse – la journée se célèbre le 3 mai de chaque année – organisées, ce lundi, le Président Félix Tshisekedi a tenu à apporter des clarifications au sujet des négociations en cours avec les États-Unis au sujet de minerais stratégiques du pays. Ce partenariat, qui porte sur la valorisation des minerais critiques de l’est du pays, suscite en effet une vive controverse dans certains milieux politiques et médiatiques, où il est perçu comme une possible compromission des intérêts économiques nationaux.

Une mise au point présidentielle face aux critiques

S’exprimant devant une assemblée de journalistes et de professionnels des médias, le chef de l’État congolais a fustigé ce qu’il qualifie de « manipulations médiatiques » autour de ce projet de coopération. Il a fermement rejeté les accusations de « bradage » des ressources naturelles de la République démocratique du Congo (RDC), en insistant sur la dimension stratégique et souveraine de l’accord en discussion.

« Je ne peux passer sous silence les nombreuses manipulations médiatiques autour d’un partenariat stratégique en cours de finalisation entre la République démocratique du Congo et les États-Unis d’Amérique […] Ces allégations sont naturellement infondées, mais relèvent souvent des campagnes orchestrées pour affaiblir notre souveraineté économique », a déclaré Félix Tshisekedi.

Cette mise au point intervient dans un climat de méfiance croissante autour des investissements étrangers dans les secteurs stratégiques de la RDC, notamment les mines de cobalt, de lithium et de cuivre, essentiels à la transition énergétique mondiale.

« Au grand jamais » : une promesse solennelle au peuple congolais

Dans un ton grave et solennel, le Président congolais a voulu rassurer ses concitoyens, réaffirmant son engagement à défendre les intérêts nationaux. « Jamais, mais au grand jamais, je ne braderai les richesses de la République démocratique du Congo », a-t-il lancé, sous les applaudissements nourris de la salle. Il a rappelé que sa ligne de conduite demeure guidée par le serment qu’il a prêté devant la nation.

Ce discours intervient alors que les négociations entre Kinshasa et Washington, bien que discrètes, avancent autour de la création d’une chaîne de valeur régionale pour les minerais critiques, dans le cadre du Partenariat sur les minéraux critiques (Minerals Security Partnership – MSP), une initiative lancée par les États-Unis et leurs alliés pour sécuriser l’approvisionnement mondial en minerais stratégiques.

La souveraineté économique comme enjeu majeur

Le message présidentiel met en lumière l’un des grands dilemmes de la RDC contemporaine : comment attirer des investissements et des partenariats étrangers indispensables au développement, tout en conservant une pleine maîtrise des ressources nationales ? La RDC, qui possède près de 70 % des réserves mondiales connues de cobalt et d’importants gisements de lithium, se retrouve au cœur de la géopolitique des matières premières critiques.

Dans ce contexte, le gouvernement Tshisekedi cherche à repositionner le pays comme un acteur incontournable dans la chaîne mondiale de production de batteries électriques, tout en évitant de reproduire les erreurs du passé, où les contrats miniers se sont souvent conclus au détriment des intérêts nationaux.

Une place peu honorable de la RDC dans le classement de Reporters sans frontières

La sortie de Félix Tshisekedi s’est tenue dans le cadre d’un événement dédié à la liberté de la presse, célébrée cette année sous le thème : « Informer dans un monde complexe : l’impact de l’intelligence artificielle sur la liberté de la presse et des médias ». Une thématique en phase avec les mutations rapides du paysage médiatique mondial, mais aussi avec les défis spécifiques de la RDC, où la liberté de la presse demeure fragile malgré des progrès notables. Pour le dernier classement de Reporters sans frontières, la RDC occupe la très peu honorable 133e place sur un total de 180 pays. Ce qui montre qu’en matière de liberté de la presse, le pays de Félix Thsisekedi a encore du chemin à faire.

Le président a d’ailleurs souligné l’importance d’un journalisme rigoureux et éthique, appelant les professionnels à jouer leur rôle sans se prêter aux manipulations ni aux rumeurs infondées. “La presse est un pilier de la démocratie, mais elle doit aussi être responsable”, a-t-il martelé.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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