Raymond Kalla (deuxième partie) : «  Algérie / Cameroun, un match très difficile »

Les rideaux sont tombés sur la 33^ème édition de la Coupe d’Afrique des Nations, qui s’est tenue du 9 janvier au 6 février 2022 au Cameroun. Le prochain rendez-vous continental, ce sont les barrages des éliminatoires de la Coupe du monde Qatar 2022. L’Algérie, qui a quitté prématurément cette dernière CAN, devrait affronter le Cameroun. Pour l’ancien défenseur des Lions Indomptables, Raymond Kalla, il faudrait gagner à tout prix le match aller à domicile. Il prévient qu’à Blida , il fera chaud, connaissant bien ce stade algérien.

Entretien de notre Envoyé spécial au Cameroun,

Comment avez-vous vécu l’élimination du Cameroun en demi-finale de la CAN face à l’Égypte ?

Très mal, comme je suis Camerounais, surtout que la compétition se jouait chez nous. Je pensais qu’on n’irait jusqu’en finale. C’est vrai qu’on n’a pas eu une équipe digne de ce nom dans les matchs de poules. C’est en demi-finale qu’on a eu une équipe digne de ce nom. Mais, pendant le match, on était dedans. On a été supérieur, il ne nous manquait que ce petit but. Il nous manquait l’efficacité et l’expérience aussi, parce que quand on joue une demi-finale à la maison, il faut plus de vivacité et de pression et gagner plus les duels. On voit qu’ils ont eu des occasions, mais il manquait quelque chose. On n’a pas eu à marquer. On a vu une équipe égyptienne qui était un peu à l’aise. Pendant les prolongations, ils ont pris le jeu en leur faveur. On sent qu’elle était une équipe plus expérimentée que nous. Je pense que l’entraineur à beaucoup péché.

Certains résument la défaite du Cameroun par le manque de respect à la mémoire des victimes d’Olembé, c’est-à-dire que l’équipe ne devrait pas jouer de sitôt une rencontre dans ces installations ?

Non, je ne pense pas. Je pense que c’est un évènement très malheureux. Ce n’est pas la compétition du Cameroun, c’est celle de la CAF. C’est la Confédération africaine de football qui a décidé qu’on devrait jouer à Olembé. Le Cameroun ne peut pas décider de là où il joue, c’est la CAF qui a autorisé ce match. Ils ont d’abord suspendu le stade. Après, pour les demi-finales, ils ont dit qu’on va jouer là-bas. La décision provient alors de la CAF et non du Cameroun.

Pour ce qui est de l’équipe nationale U23 du Cameroun, comment se font vos prospections ?

On s’est un peu partagé les tâches. Rigobert Song, qui est le sélectionneur, reste ici, il y a son adjoint en Europe et moi aussi. Je suis en Europe, mais je suis au Cameroun tous les mois. Je voyage beaucoup, mais vous savez quand on aime son pays, on est prêt à tout. Comme je vous l’ai dit tantôt, j’essaie de voyager et de pister des jeunes camerounais dans des championnats. Par exemple, je suis allé en Espagne voir certains jeunes joueurs. Quand on me dit qu’il y a un gosse au Portugal, j’y vais. Je sillonne également la France, pour essayer de détecter des joueurs. On remonte les informations au sélectionneur. Pour vous dire, il y a au moins six joueurs qui sont passés par les U23 et qui ont joué la CAN. Mais, le travail de détection demande beaucoup de moyens. Je voyage, mais pas avec l’argent de la Fédération. L’équipe nationale des U23, c’est l’anti-chambre de la sélection A. On ne gagne rien, mais on est fier et j’aime mon pays.

Il est souvent reproché à la Fédération camerounaise de ne pas être très efficace comme ses homologues de l’Algérie, du Maroc ou encore du Sénégal, pour convaincre les internationaux. D’aucuns disent que Kylian Mbappé aurait voulu jouer avec le Cameroun, à un moment, mais qu’on lui avait demandé de l’argent…

Je préfère ne pas me prononcer sur des choses que je maîtrise pas. Vous comprenez, j’aime dire ce que je sais et ce que j’ai vu. J’ai lu comme vous et c’est ce que les gens disent… Mais, je ne peux pas vous dire si c’est vrai ou faux. Je ne sais pas…

L’Algérie est partie frustrée de cette CAN, mais retrouvera le Cameroun lors des barrages du Mondial Qatar 2022…

Ce sera un match très difficile. Il faut dire que l’Algérie a une bonne équipe. Seulement, quand j’ai vu l’Algérie jouer à la CAN, ce n’était par une équipe de football, loin de là. Et si jamais si elle revient pour jouer comme ça contre nous, on n’aura pas de difficulté. On a été éliminé en demi-finale et eux sont rentrés un peu plus tôt. Lors du match qui se jouera chez nous, c’est là qu’il faudra faire la différence, car je connais l’Algérie, Il fait trop chaud chez eux. Je suis allé à Blida, il faisait trop chaud, c’était bouillant. Je pense qu’il faut tout faire pour gagner le match d’ici.

Pensez-vous que le sélectionneur Toni Conceição devrait rester pour jouer ces deux matchs des barrages ?

Pourquoi on ne peut pas avoir un sélectionneur local ? Pour moi, ça s’est mal passé, il faut le dire. C’était approximatif. Mais, la décision ne me revient pas, vous comprenez. S’il arrive qu’on doive le remplacer, il faut qu’on choisisse un sélectionneur local. Qu’on nous laisse un peu les choses, au lieu d’aller chercher des entraîneurs à l’extérieur. Le Cameroun n’est pas un petit pays du football. On a beaucoup d’anciennes gloires qui ont des diplômes d’entraîneur, il faut qu’on arrête.

Comme Aliou Cissé au Sénégal ou Djamel Belmadi en Algérie, pensez-vous que Rigobert Song est prêt à prendre l’équipe A du Cameroun ?

Bien sûr ! Attendez, pourquoi on ne peut pas confier l’équipe à Rigobert Song ? On voit ce que Aliou Cissé fait à la tête du Sénégal depuis des années. De toutes les façons, ce que je peux dire, c’est qu’on fasse confiance à nos entraîneurs locaux. Rigobert Song a les qualités et je sais… Oui, il peut.

Pensez-vous que Samuel Eto’o pourra changer beaucoup de choses à la tête du football camerounais ?

Oui, je le pense. Je sais de quoi il est capable. C’est quelqu’un qui aime aller au défi et il veut toujours gagner. Je vous raconte une anecdote. J’ai vu en lui un jeune qui n’a peur de rien. Pendant la Coupe d’Afrique Ghana-Nigeria, Eto’o était sur le banc de touche. Il n’était pas titulaire. Un jour, Désiré Job a eu une petite diarrhée et il a eu le courage de dire qu’on le fasse entrer. Et que si on le faisait entrer, il allait marquer ou prouver à tout le monde qu’il pouvait jouer. C’est ce que l’entraîneur a fait et depuis lors, il n’a plus quitté le terrain. Il a toujours été titulaire. C’est quelqu’un qui aime gagner, il aime les défis. Je pense qu’aujourd’hui, on peut être très content qu’il soit président de la Fédération. Je sais au fond du cœur qu’il va beaucoup changer et qu’il va ramener le public au stade. Quand on va aujourd’hui au stade, c’est 10 à 15 personnes. Je pense qu’avec lui, les choses vont changer. Je sais aussi que ça ne va pas être facile.

Y a-t-il des chances qu’il soit combattu dans l’exercice de ses fonctions ?

Qui n’est pas combattu dans cette vie ? Tout le monde est combattu dans la vie. Qui n’a jamais été combattu ? Tout le monde l’est. C’est pour ça que j’ai dit ça va être un peu difficile pour lui. Mais, je sais aussi que c’est quelqu’un qui aime les défis. C’est quelqu’un qui veut toujours réussir, c’est pour ça que je dis que c’est un enfant qui n’a jamais eu peur. Moi, je vous le dis parce que je l’ai côtoyé. Il va toujours tenter l’impossible. Je vous ai fraconté tout de suite une anecdote sur la CAN Ghana-Nigeria. C’est vrai qu’on avait un N’Diefi sur le banc, mais un petit à l’époque comme Eto’o, qui a revendiqué de jouer. Je me disais que ce que le petit disait à la réunion était vrai. Il est courageux et il l’a prouvé. C’est pourquoi, il a toujours gagné, c’est un combattant. Donc, je n’ai aucune crainte quant à sa réussite comme président de la Fédération. Je sais et je prie Dieu pour qu’il puisse réussir. KJ’entandfs souvent les gens dire que c’est un footballeur qui a pu réussir. Comme si, nous footballeurs sommes des « cons ». Qu’on n’a rien dans la tête à part taper dans le ballon et que nous ne réfléchissons pas. de toutes les façons, je sais que ma prière sera exaucée.

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