Quinté présidentiel


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Joseph Kabila a désormais officiellement 4 vice-présidents pour le seconder dans sa tâche. Ils ont tous prêté serment jeudi à Kinshasa. Une prestation qui a fait chuter la tension politique dans le pays.Une formule inédite de gouvernement en RDC qui marque un fragile état de grâce.

Un président de la république, quatre vice-présidents. C’est désormais possible. A défaut d’autres solutions, les Congolais vont devoir expérimenter la formule. Après pratiquement sept années de guerre, les cinq prétendants à la gestion de la transition se retrouvent réunis au sein d’une même équipe. Tous à différents titres quelque peu rebelles. Joseph Kabila et Yerodia Abdoulaye Ndombasi pour avoir combattu la dictature de Joseph Désiré Mobutu ; Azarias Ruberwa, Jean-Pierre Bemba et Arthur Z’Ahidi Ngoma, celle de Laurent Désiré Kabila. Un gage d’efficacité ?

Jeudi, 16 juillet 2003, constitue une date importante dans le processus de paix en RDC. Tout le monde s’est retrouvé sur le même podium du Palais du Peuple de Kinshasa pour officialiser son engagement de mettre une croix sur la guerre et de cheminer désormais dans la paix vers la reconstruction du pays et de l’Etat de droit. Moments d’intense émotion, surtout quand Azrias Ruberwa, le président du RCD/Goma, le mouvement qui, le 2 août 1998, avait déclenché l’actuelle guerre, a quelque peu trébuché sur les mots en prononçant la phrase fatidique de « veiller désormais à l’intégrité du territoire et à l’indivisibilité de la RDC ». Le petit incident a provoqué un tonnerre d’applaudissements, question sûrement de signaler à Azarias Ruberwa que tout le monde le prenait au mot et qu’on le tenait à l’oeil. « C’est pour qu’il sache que nous sommes témoins de son engagement devant le peuple congolais», confie à IPS, Mme Christiane Maneno, vice gouverneur désignée pour la province du Sud-Kivu, mais avec résidence à Kinshasa, pour raisons de guerre.

Evénement national

La cérémonie, retransmise par la télévision publique et diffusée sur toute l’étendue du territoire (une première), est un signe fort que la paix revient réellement. Ou, tout au moins, que la volonté affichée officiellement, de part et d’autre, semble bien sincère. En l’absence d’un premier ministre, pour coordonner l’action, les vice-présidents se sont partagés les domaines d’intervention du gouvernement. Yerodia Abdoulaye Ndombasi, pour le compte du gouvernement, s’occupera de tout ce qui est travaux publics et infrastructures,Azarias Ruberwa, du RCD, de tout ce qui est défense et sécurité du territoire tandis que Jean-Pierre Bemba du MLC hérite du secteur de l’économie et des finances. Enfin, Arthur Z’Ahidi Ngoma, de l’opposition politique non armée, prendra en charge le secteur de la culture
et de l’éducation.

Malaises et suspicions

Mais il n’empêche que les malaises et les suspicions ne sont pas tout à fait dissipés dans les esprits. Les Congolais ne savent toujours pas de quoi demain sera fait. Beaucoup appréhendent des agendas cachés qui pourraient, à la moindre occasion, faire éclater la
fragile sérénité qui prévaut en ce moment car visiblement aucun des belligérants n’est prêt à faire de véritables concessions. Le RCD a, bien évidemment, le malheur d’avoir déclenché la dernière guerre en date. Il paraît donc le plus suspect aux yeux de la majorité des Congolais qui le soupçonne de n’avoir pas coupé le cordon ombilical avec le Rwanda qui fait toujours d’épouvantail. Il y a également, côté opposition politique, l’absence d’Etienne Tshisekedi, dans la configuration politique actuelle. Le leader charismatique de l’UDPS (Union pour la Démocratie et le Progrès Social) qui se voyait vice-président naturel n’est pas dans la course. S’il ne constitue pas une des clés de la solution, il possède, par contre, une certaine capacité de nuisance.

L’imprévisible RCD Goma

La prestation de serment des vice-présidents de la république, surtout ceux issus de la rébellion, a contribué à faire chuter la tension à Kinshasa et dans tout le pays. Tension suscitée par une série d’incidents entre le Comité national de Suivi du processus de paix et les autorités du RCD. Ce dernier avait en effet créé, contre toute attente, trois régions militaires dans le territoire qu’il occupe, alors que le dossier se trouvait en discussion au Comité national de suivi. Plus grave, Goma avait nommé à la tête de ces régions militaires des personnes qui, soit, avaient trempé dans des affaires liées à la sécurité de l’Etat – comme le cas du Major Bora, nommé à Kindu alors qu’il est cité dans l’assassinat du président Laurent Désiré Kabila – ou d’autres qui avaient été citées dans le massacres à grande échelle des populations à Kisangani.

De notre correspondant Octave Kambale Juakali.

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