Qui veut la peau de Pierrette Adams ?


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Pierrette Adams défraie la chronique… judiciaire, en Côte d’Ivoire. Elle a été accusée par un journaliste ivoirien d’avoir commandité son meurtre. Une plainte qui lui a valu d’être interdite de sortie du territoire ivoirien. L’artiste affirme, dans l’entretien qu’elle a accordé à Afrik, que l’interdiction a été levée et donne sa version des faits.

« Elle ne sait pas chanter », colporte la rumeur. « Elle quitte le pays quand ça va mal ! », affirmait certains journalistes ivoiriens lors de son départ en 2002, au début de la crise ivoirienne. Les rapports de la chanteuse Pierrette Adams avec la presse de la Côte d’Ivoire semblent toujours osciller entre amour et désamour. Comme le prouve ces nouveaux démêlés judiciaires avec un de ses représentants, Claude Zahui Dassé, qui ont retardé la sortie de son nouvel album prévue en décembre dernier.

Afrik.com : Pierrette Adams est-elle libre de ses mouvements ? Car selon la presse ivoirienne, vous étiez interdite de sortie du territoire.

Pierrette Adams :
Je suis sortie officiellement de la Côte d’Ivoire. Il n’y a aucun problème. Mon passeport m’avait été retiré à la suite de la plainte d’un journaliste dénommé Claude Dassé pour tentative de meurtre. Je suis sortie sans problème, il y a eu des auditions et une confrontation. Pour le procureur général, M. Tchimou, il n’y a aucune preuve pour étayer cette plainte, il a par conséquent estimé qu’il fallait me rendre mon passeport. J’ai une main levée. Il m’a juste demandé de rester à la disposition de la justice.

Afrik.com : Quelle est votre version de cette histoire ?

Pierrette Adams :
La plainte de M. Dassé ferait suite aux révélations de l’ancien chauffeur de mon époux, Moussa Dosso à propos de faits qui remontent à 1997. Le journaliste avait alors accusé mon mari d’avoir envoyé des loubards pour l’éliminer à Yopougon (quartier chaud de la ville d’Abidjan, ndlr) parce qu’il avait écrit un article peu élogieux à mon propos. Dosso lui aurait aussi appris qu’il avait recruté lui-même ses agresseurs d’alors. Il a affirmé qu’il avait reçu 3 millions de F CFA pour recruter des personnes qu’il a été ensuite incapable d’identifier. Concernant, la voiture qui aurait heurté Claude Dassé, son immatriculation s’est avérée être celle d’une moto. C’est au vu de tout cela que le procureur m’a délivré cette main levée. Ce qui n’empêche pas la procédure judiciaire de suivre son cours. Je suis à la disposition de la justice, je veux savoir la vérité et je veux être blanchie.

Afrik.com : Que s’était-il passé en 1997 ?

Pierrette Adams :
L’affaire avait été portée devant les tribunaux par M. Dassé qui avait perdu son procès. Mon époux (M. Duarte) avait, quant à lui, porté plainte pour diffamation et obtenu gain de cause. Il avait alors exigé, en dommages et intérêts, un franc symbolique. Après cet incident et à la suite de l’intervention de proches, qui sont venus de la part de M. Dassé nous demander de tirer un trait sur cette histoire, nous avons établi des rapports amicaux avec le couple Dassé. J’ai même été le témoin de Mme Dassé à son mariage à la demande… de son mari.

Afrik.com : Comment expliquez-vous cette cabale contre vous ?

Pierrette Adams :
Je ne vais pas mâcher mes mots. C’est une escroquerie organisée et de la vengeance. Une escroquerie montée par Claude Dassé et sa petite bande et une vengeance de la part de notre ancien chauffeur. Quand on m’a lu la plainte de ce journaliste, ce dernier portait plainte contre M et Mme Duarte de même que Moussa Dosso. Mais chose étrange, tous deux se sont ligués contre moi.

Afrik.com : Avant tout cela, comment qualifierez-vous vos rapports avec ce chauffeur ?

Pierrette Adams :
Il avait commencé à travailler pour moi en 1987 et puis nous nous sommes perdus de vue. Quand mon mari a été affecté, c’est tout naturellement que j’ai pensé à lui quand il m’a annoncé qu’il recherchait un chauffeur dans le cadre de ses activités professionnelles. Beaucoup de gens appartenant à mon entourage sont étonnés de la réaction de Dosso à mon égard. Nous l’emmenions partout, même pendant nos vacances et nous lui avons même offert son pèlerinage à la Mecque.

Afrik.com : C’est une maison qui est à l’origine du litige qui vous oppose aujourd’hui à lui…

Pierrette Adams :
Dosso avait de sérieux problèmes de logement. Pour lui venir en aide, nous avons profité d’une opération immobilière et acheté une villa que nous lui avons louée pour la modique somme de 70 000 F CFA (un peu plus de 110 euros, ndlr), un prix très en deçà du marché. La maison est située à la Riviera qui compte parmi les quartiers chics de la capitale ivoirienne. La somme était directement prélevée sur son salaire puisqu’il était payé par la firme de mon époux. Jusqu’à ce que nous quittions la Côte d’Ivoire, en 2002, parce que mon mari avait été de nouveau affecté, nous n’avons eu aucun ennui lui.

Afrik.com : Quand les problèmes ont-ils alors commencé ?

Pierrette Adams :
A notre départ, la gestion de la villa a été confiée à une agence immobilière. J’ai reçu un premier coup de fil à Dakar, où nous étions désormais installés, où la responsable de l’agence nous expliquait que depuis quelques mois, Dosso ne payait plus son loyer. Je lui ai alors demandé de patienter et dit que ces retards étaient certainement dus au fait qu’il ne travaillait pas. Quelques mois plus tard, je reçois un autre coup de fil où elle m’informe que, selon ses sources, Dosso a retrouvé du travail et que le répit que je lui avais accordé n’avait plus lieu d’être. Elle le relance donc, mais il ne donne pas signe de vie. Elle me rappelle encore une fois pour m’informer de la situation et je lui suggère alors de traiter Dosso comme un locataire comme les autres. La procédure a ainsi suivi son cours jusqu’à l’intervention d’un huissier. C’est à ce moment que Dosso a entamé une procédure judiciaire contre l’agence immobilière. Au tribunal, il a prétendu que nous lui avions promis la maison et qu’à ce titre, il avait réalisé des travaux à hauteur de 28 millions et qu’aujourd’hui, nous souhaitions le mettre à la porte. La seule solution pour lui étant qu’on lui rembourse cette somme ou qu’on lui laisse l’usage de la maison pour un montant équivalent. L’agence immobilière a pris un avocat pour se défendre et au tribunal, Dosso a perdu parce qu’il n’a pu apporter des preuves tangibles. Il a été débouté le 9 janvier 2006 et le premier article sur le sujet paraissait le 16 janvier.

Afrik.com : Quels sont vos rapports avec les journalistes ivoiriens ?

Pierrette Adams :
J’estime qu’on a de bons rapports. M. Duarte est quelqu’un d’extrêmement généreux. Par conséquent, quand un journaliste est proche de nous, les autres pensent qu’il bénéficie de ses largesses. Mon nom est trop souvent associé à l’argent facile. C’est peut-être pour cela que certaines personnes ont cru, au début de mes démêlés judiciaires, qu’il pourrait lui soutirer un maximum d’argent. Ma déconvenue met en relief le mal-être des journalistes ivoiriens, comme souvent en Afrique, qui ne sont pas très bien payés. Certains sont prêts à recourir aux pires machinations pour se faire un peu d’argent.

Afrik.com : Comment vous êtes-vous retrouvée à Abidjan alors que vous résidez habituellement à Dakar ?

Pierrette Adams :
Je suis partie à Abidjan pour assister aux funérailles de Douk Saga (icône du Coupé-décalé). A l’aéroport, le 25 octobre, lors de mon arrivée, il y avait de nombreux journalistes qui attendaient. C’est beaucoup plus tard que j’ai compris cet intérêt soudain pour moi. Claude Dassé avait en effet appelé ses collègues pour leur dire que j’allais être arrêtée suite à sa plainte. Il s’en est fallu de peu pour que cela arrive. Heureusement, j’avais pris mes dispositions et je m’en suis sortie avec une simple convocation pour le lendemain où l’affaire faisait la « Une » de tous les journaux.

Afrik.com : Comment expliquez-vous cette capacité de mobilisation ?

Pierrette Adams :
Il fait partie de l’Union des journalistes ivoiriens et il arrive à susciter un très fort sentiment de corporatisme. Mais bien évidemment, il n’entraîne pas avec lui toute la profession. Les gens ne sont pas dupes, surtout que beaucoup savent que c’est un escroc. Avis que partagent également plusieurs personnalités du showbiz ivoirien qui abondent dans mon sens dans cette affaire. Claude Dassé n’aura pas un sou de moi dans cette affaire et Dosso, qui m’a menacée de faire d’autres révélations – comme s’il y avait pire que d’être traitée de meurtrière -, n’aura pas la maison. Dassé et Dosso espéraient tous les deux que j’aurai capitulé par crainte du scandale. Le journaliste m’a même proposé de retirer sa plainte si je lui donnais de l’argent. Chantage auquel je n’ai pas cédé parce que je veux en finir, une fois pour toutes, avec cette affaire.

Afrik.com : Avant tout cela, vous prépariez un album. Quand sera-t-il disponible ?

Pierrette Adams
Il aurait dû sortir en décembre, mais il a été repoussé pour janvier ou février. Je n’ai en effet pas eu le temps d’y travailler à cause de tous ces imprévus judiciaires.

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