Quand musulmans et chrétiens fêtent Noël ensemble


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Dans de multiples pays d’Afrique, musulmans et chrétiens célèbrent Noël main dans la main. Ils prient, mangent et boivent du vin ensemble. En ce jour spécifique de l’année, la religion n’a plus d’importance. Ils ne font plus qu’un autour d’un bon repas. Afrik.com a recueilli leurs témoignages.

Noël n’est pas un jour comme un autre. Dans de multiples pays d’Afrique, les chrétiens sont nombreux à inviter leurs voisins ou amis musulmans autour d’un bon repas. C’est le cas de la Sénégalaise Amélia, 40 ans, vivant à Dakar. Chaque année, cette chrétienne, maman d’une jeune fille musulmane, invite le jour de Noël ses voisins musulmans à manger le repas et la bûche chez elle. « Ici au Sénégal, chrétiens et musulmans vivent en harmonie. Chacun souhaite à son voisin le meilleur. Le jour de Noël, nous célébrons cette amitié entre nos deux communautés », explique-t-elle. Sa fille « Maimouna convient aussi beaucoup de ses amis musulmans à la maison ce jour-là. Et lors de la fête de l’Aïd, les musulmans à leur tour invitent les chrétiens. Chez nous, c’est une tradition », tient-elle à souligner.

L’Algérien Zafane, qui vit en Kabylie, est, lui, déjà tout excité pour le réveillon. « J’ai été convié par un de mes amis et sa femme. Il m’a dit qu’il y aura du vin chaud et un bon repas. J’ai hâte d’y être ! ». Selon lui, « en Algérie beaucoup de familles chrétiennes fêtent Noël et invitent les musulmans. Et cela ne posent aucun problème. Ce jour-là, il n’y a pas de différence ». Son compatriote Rachid, dont le père est pasteur, affirme que certains musulmans vont même à l’Eglise le jour du réveillon. « Ils viennent surtout par curiosité pour voir comment se passe la cérémonie », affirme le jeune homme.

Des musulmans à l’église

Au Burkina Faso, à Ouagadougou, ce n’est pas uniquement par curiosité que certains musulmans se rendent à l’église les 24 et 25 décembre, assure Yamero Arma, chrétien de 45 ans. « Beaucoup de mes voisins musulmans nous suivent à l’église le soir pour prier », affirme-t-il. D’ailleurs dans chaque quartier de Ouagadougou, précise-t-il, « un système a été instauré entre les différents responsables religieux : à Noël, un imam va à l’église pour assister à la prière et le jour de l’Aïd un prêtre se rend à la mosquée ». Il n’y a pas de conflit entre musulmans et chrétiens au Burkina Faso. « Après avoir dégusté ensemble le repas du réveillon, parfois certains d’entre eux se rendent dans les maquis pour boire un verre et discutent jusqu’à l’aube. Les chrétiens prennent de l’alcool et les musulmans naturellement une boisson », raconte-t-il.

A la tête d’un orphelinat qui abrite des enfants chrétiens et musulmans, à Yaoundé, Samuel Ngnitedem célèbre chaque année Noël avec ces derniers. « Le 25 décembre, des cadeaux sont distribués aux enfants chrétiens comme musulmans. Et de nombreux adultes issues des deux communautés religieuses assistent à la cérémonie. Ils sont aussi avec nous, le jour du réveillon, et mangeons tous ensemble ». Le seul moment où les enfants sont séparés selon leur appartenance religieuse, « c’est lors de la messe ou des cours de catéchisme pour éviter qu’ils s’ennuient », explique Samuel Ngnitedem.

C’est dans sa belle famille, chrétienne, que Salim, musulman, célèbre Noel, à Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC). Le Congolais de 35 ans, père de trois enfants, assure que dans son pays chrétiens et musulmans évoluent chacun à leur façon, en paix. « Nous fêtons Noël ensemble, mangeons ensemble, buvons ensemble sauf lors des moments de prières, dit-il. C’est le seul moment où nous nous séparons ». Le soir du réveillon, il est toujours très bien accueilli par sa belle famille, assure le jeune homme. « Il m’arrive même de prendre de l’alcool avec elle. On ne va pas se tuer juste parce qu’on n’est pas de la même doctrine ! »

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