Quand le désert nuit aux Touaregs


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La désertification menace la pérennité du mode de vie des Touaregs. En effet, ce peuple nomade se voit de plus en plus contraint à la sédentarisation du fait de la rareté de l’eau. Un bouleversement parmi tant d’autres.

Copyright : Titouan Lamazou/Raymond Depardon. Carnet de voyage du désert, Mali. Fondation Cartier.

Les Touaregs, peuple du désert, occupent un espace qui regroupe la Libye, le Burkina Faso, le Nigeria, l’Algérie, le Tchad, le Mali et le Niger. En somme un territoire limité par les rives du fleuve Niger. Paradoxalemenent, la désertification constitue un danger pour un peuple que l’eau semble entraver dans ses mouvements.

La sécheresse réussirait là où les politiques, et plus tard les gouvernements des pays indépendants ont échoué : obliger les touaregs à se sédentariser. L’instauration d’un permis de circuler pendant la période coloniale avait cette vocation. Le principe du colonisateur a été de ramener les Touaregs à de petites tribus, moins puissantes que les confédérations préexistantes. Devenus Algériens, Maliens ou Nigériens, les Touaregs sont politiquement exclus des Etats dans lesquels ils sont les plus présents.

La désertification : un fléau

Le Niger et le Mali, connaîtront en l’occurrence, entre 1990 et 1996, d’importants mouvements de rébellion. Marginalisés politiquement et victimes de la sécheresse, les Touaregs trouvent dans les armes l’occasion de se faire entendre. Ils sont néanmoins obligés de migrer vers l’Algérie, la Mauritanie, la Libye.

La sécheresse contribue à saboter le devenir économique de ces berbérophones. La principale victime de cette situation est l’art pastoral touareg. C’est pourtant l’activité principale des Touaregs ; avec le tourisme, elle constitue l’une de leurs principales ressources économiques. L’exclusion n’est plus seulement politique mais elle est aussi économique, notamment au Niger. Les Touaregs représentent 10% de la population de ce pays mais sont malheureusement en dehors de la vie économique. Evincés par les Haoussa, Djermas et autres populations.

L’heure du changement

La désertification instaure une nouvelle donne dans l’art de vivre touareg. Mais elle n’est pas le seul paramètre en cause dans la mutation que subissent ces nomades. Les aristocrates, les forgerons constituent des castes d’une société où les populations touaregs noires sont souvent exclues. Récemment, rapporte Edouard Bernus, spécialiste de la question et chercheur au Centre national pour la recherche scientifique (CNRS), les touaregs noirs, commencent à remettre en question cet état de fait.

La modernité prend le pas sur une société traditionnelle pourtant riche. Les Touaregs disposent, en effet, d’une tradition orale riche de proverbes et de poèmes aux accents pastoraux. Ce qui ne les a pas empêché de s’adonner à l’écriture. Le tifinagh se compose de signes qui jonchent les roches du Sahara. Comme pour laisser des traces… Les hommes bleus sont-ils voués à disparaître?

Copyright photo : Titouan Lamazou/Raymond Depardon.

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