Procès Thomas Sankara : la parole de Zétiyenga contre celle de Diendéré


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Gilbert Diendéré
Gilbert Diendéré

L’audition du témoin Abderrahmane Zétiyenga s’est poursuivie, ce jeudi, avec les questions et les confrontations. Les déclarations des accusés et du témoin se sont entrechoquées.

Invité à la barre pour une confrontation avec le témoin, après Ninda Pascal Tondé qui s’est prêté au même exercice quelques minutes plus tôt, l’accusé Gilbert Diendéré, fortement chargé la veille par Abderrahmane Zétiyenga, a remis en cause l’essentiel des déclarations de ce dernier. Au sujet de l’affirmation du témoin qui aurait suggéré à Gilbert Diendéré d’organiser la réunion du jeudi 15 octobre 1987, le général soutient une position contraire. « Généralement les jeudis, on tient une réunion. Ce n’est donc pas la première fois que je convoquais une telle rencontre. Zétiyenga a juste suggéré que je convoque les deux gardes rapprochées parce qu’il arrive que celles-ci ne viennent pas, compte tenu des agendas des deux personnalités », fait observer Gilbert Diendéré. Puis il ajoute : « Il dit que je n’ai pas parlé à cette rencontre. C’est difficile de croire que je convoque une rencontre et que je ne prenne pas la parole. Ce n’est pas possible ».

Au sujet du message qu’il aurait reçu et qui aurait fait état d’un complot de Sankara contre Compaoré, à exécuter le 15 octobre 1987, à 20 h, et qui aurait motivé sa décision d’arrêter le Président du Faso, Gilbert Diendéré a encore tout balayé d’un revers de main. « Après la réunion du matin, chacun est reparti d’où il est venu. Moi je suis parti me restaurer chez moi à la cité An 3. Je n’ai jamais reçu une note de catégorie A. Je ne peux pas prendre la décision d’arrêter le Président Sankara. Ce n’est pas possible. Je ne pourrais jamais le faire. Et même si j’avais eu cette information de catégorie A comme il le dit, je n’allais jamais m’ouvrir à lui pour lui donner une information de ce genre, vu les liens qu’il avait avec Thomas Sankara », martèle l’ancien chef d’état-major particulier de Blaise Compaoré.

Quand il a été demandé au témoin de citer des noms de personnes présentes au moment où Gilbert Diendéré parlait du message reçu, il n’a pas pu en citer. À la question de savoir s’il avait envoyé Abderrahamane Zétiyenga prendre position vers la radio nationale le jour du drame, la réponse du général Diendéré est encore catégorique : « Je ne l’ai jamais envoyé à un poste quelconque. Zétiyenga était en stage à Pô, mais est revenu à Ouagadougou pour voir le Président Sankara qui lui avait adressé une lettre. Il n’avait aucune fonction officielle à ce moment qui méritait que je l’envoie faire quelque chose d’important à ce poste. Par ailleurs, le poste où il dit que je l’aurais envoyé, n’était pas le poste d’entrée officielle au Conseil de l’entente », insiste Gilbert Diendéré.

« J’étais commandant de la troisième compagnie. Est-ce que je peux aller occuper un poste et interdire à quelqu’un d’entrer au Conseil. Il dit que le poste que j’ai gardé n’était pas important. Pourtant c’est par là que le Président Sankara passait d’habitude. Lors de la confrontation chez le juge d’instruction, il a dit que s’il m’a envoyé à ce poste, c’est probablement parce qu’il y avait des rumeurs sur une attaque de l’Escadron de transport et d’intervention rapide », rétorque le témoin. Selon Gilbert Diendéré, Abderrahmane Zétiyenga s’acharne contre lui non seulement parce que, contrairement à ses vœux, il n’a pas pu accéder au grade d’officier, mais il avait même été, à un certain moment, affecté hors du régiment de sécurité présidentielle où il jouissait d’énormes avantages. « Je ne pense pas être allé un seul jour dire au général que je voulais être officier. Le concours était ouvert et nous étions tous informés », se défend le témoin.

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Historien, Journaliste, spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne
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