Privatisation de la ligne Dakar-Bamako


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Le groupement franco-canadien Canac-Getma a été désigné actionnaire adjudicataire de la concession du chemin de fer Dakar-Bamako. L’annonce a été faite jeudi dernier par le ministre sénégalais de l’Equipement et des Transports, Mamadou Seck.

De notre partenaire Le Nouvel Economiste

Le processus de restauration du chemin de fer Dakar-Bamako vient de connaître son épilogue. La ligne ferroviaire a officiellement été confiée jeudi dernier au groupe canado-français Canac-Getma. L’opération rapportera 15 milliards de F CFA au Sénégal et au Mali avec une redevance annuelle minimum de 500 millions de F CFA dans les premières années d’exploitation. Cette redevance sera alignée par la suite sur un pourcentage du chiffre d’affaires de la société qui n’a pas encore été déterminé. Par ailleurs, le concessionnaire adjudicataire s’engage à investir, sur fonds propres, 38 milliards de F CFA pour la mise à niveau et l’exploitation de l’axe international Dakar-Bamako, dont 8 milliards seront alloués à la réfection de l’axe.

Sur quatre sociétés soumissionnaires pour la concession du chemin de fer Dakar-Bamako, c’est le groupe Canac-Getma qui a eu la meilleure offre technique et financière avec 15 milliards de F CFA contre 10 milliards pour son suivant immédiat, le groupement SNCFI-Canarail-Bolloré-Maersk. Le groupe Canac-Getma a été déclaré adjudicataire provisoire le 11 février 2003, puis adjudicataire définitif le 5 mars 2003 après production des garanties financières requises. Le repreneur a en charge la gestion intégrale de l’axe Dakar-Bamako pour une période de 25 ans. Il devra assurer la maintenance de l’ensemble du réseau.

51% à la Canac-Getma

Le capital de la future société a été réparti entre les deux Etats (10% chacun), les travailleurs de la société (9%), les sociétés privés des deux pays (10%) et le repreneur (51%). Le pourcentage réservé aux privés des deux pays fera l’objet d’une offre publique de vente. Sur un total de 2 800 travailleurs dans les deux pays, le repreneur ne gardera que 763 cheminots de part et d’autre. Un plan social d’un montant de 6 milliards de F FCA a déjà été adopté pour chacun de deux pays, avec l’aval des bailleurs de fonds. La Banque Mondiale s’est engagée, pour sa part, à offrir une contribution de 4,5 milliards de F CFA en ce qui concerne le Sénégal.

Pour les 500 travailleurs restant du côté sénégalais, l’Etat envisage d’en reprendre une grande partie dans la nouvelle société Dakar-Rail qui va continuer à exploiter le Petit Train bleu reliant la banlieue au centre-ville de Dakar. « Nous n’avons concédé que la ligne internationale », a souligné Mamadou Seck, ministre de l’Equipement et des Transports. « Le Petit Train Bleu va garder une partie du personnel qui ne sera pas repris par le concessionnaire », a-t-il précisé.

Désenclaver le Sénégal

L’option première qui avait été privilégiée par les deux Etats faisait état d’une société d’exploitation. L’option actuelle de mise en concession a été mise en œuvre suite à la décision prise en janvier 2001 par les chefs d’Etat du Mali et du Sénégal qui avaient souhaité confier la gestion globale de l’activité sur ledit axe à un groupe privé. Les bailleurs de fonds, qui soutiennent le projet, ont donné leur accord à la dernière rencontre tenue les 26 et 27 juin derniers à Paris.

Selon Mamadou Seck, « pour mieux développer l’investissement, il fallait passer à la privatisation de l’axe international Dakar-Bamako. Ce sont des éléments techniques et financiers qui ont poussé à cette privatisation. Malgré les efforts fournis par l’Etat du Sénégal, on s’est rendu compte qu’il reste encore beaucoup à faire pour faciliter les échanges entre le Sénégal et les autres pays de la sous-région. Il est beaucoup plus facile pour les opérateurs économiques de la sous-région de se mouvoir entre le Mali, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire, ce qui n’est pas le cas pour leurs homologues sénégalais. Le Sénégal étant le pays le plus enclavé par rapport aux autres Etats de l’Union, l’une des meilleures manières de le désenclaver était de rendre plus fonctionnel le chemin de fer Dakar-Bamako. Cet axe est le plus usité pour le trafic de marchandises, surtout entre le Mali et le Sénégal ».

Bartélémy Sène

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