Présidentielle au Mali : un effet d’annonce ?


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Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a fixé, vendredi à Bamako, la feuille de route de l’élection présidentielle prévue pour les 7 et 21 juillet. Selon les observateurs de la vie politique malienne, ce calendrier n’est « pas crédible » et est « prématuré ».

Le calendrier de l’organisation de l’élection présidentielle au Mali -les 7 et 21 juillet- proposé par la France, par le biais de son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, n’est « pas crédible » et est « prématuré ». C’est en tout cas l’analyse de Philippe Hugon, chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iirs) et Michel Galy, politologue et sociologue.

Pourquoi ce calendrier n’est pas crédible ? « Je crois que ce n’est pas crédible, même si c’est important d’annoncer un échéancier assez proche. Ce n’est pas crédible car il y a encore des zones incontrôlées, les listes électorales ne sont pas encore définies et le climat est défavorable », déclare à Afrik.com, Philippe Hugon, chercheur à l’Iris. « C’est un effet d’annonce pour faire avancer le processus électoral. Si on ne dit rien, rien ne va avancer. Si on est optimiste, l’élection présidentielle n’aura pas lieu avant octobre ».

En quoi cette présidentielle est prématurée ? « Sur le plan technique, il n’y a pas encore de listes électorales et les crédits internationaux ne seront pas prêts le 7 juillet (jour prévu pour le premier tour, ndlr) », nous confie Michel Galy. Ce calendrier est symbolique, « il s’agit d’une question politique. Tous les Maliens et partis politiques plaident pour une concertation nationale, car il n’y a pas de pouvoir politique élu à Bamako. C’est donc pour palier ce manque », ajoute le politologue et sociologue. « Des élections organisées sous la tutelle internationale risquent de ne pas être libres et impartiales car l’Etat malien est en pleine décomposition. Il ne pourra donc pas organiser la présidentielle sans l’aide de la communauté internationale qui apportera les urnes. Ça fausse la donne », conclut-il.

La guerre n’est pas finie

Comment organiser l’élection présidentielle dans un pays qui est toujours en guerre ? D’autant plus que la France va bientôt entamer le processus de retrait de ses troupes au Mali et que les forces onusiennes ne se déploieront seulement que cet été.

« Le gouvernement français l’a déjà dit à plusieurs reprises mais ça ne s’est pas fait. Il peut y avoir une force réduite à 1 000 hommes comme l’a annoncé Laurent Fabius. Et, en cas de contra-attaque islamiste, l’armée française pourra envoyer en renfort ses militaires stationnés au Tchad et en Côte d’Ivoire, afin d’augmenter ses effectifs restés au Mali », indique à Afrik.com, Michel Galy.

Pour préparer le début programmé du retrait, progressif, des soldats français du Mali, l’armée française a formé pendant cinq semaines un contingent de 235 soldats ivoiriens qui devront intégrer le bataillon logistique de la Misma (Mission internationale de soutien au Mali). « C’est rapide comme formation. C’est surtout symbolique : Alassane Ouattara n’a pas de police ni d’armée. Le président ivoirien, en tant que président de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédeao), a œuvré pour une intervention au Mali. C’est donc pour montrer que la Côte d’Ivoire aussi participe à l’effort de guerre collectif », nous signale le politologue.

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