Pourquoi Zuma boycotte le Sommet de l’Elysée


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Alors qu’il avait affirmé qu’il participerait au Sommet de l’Elysée qui se déroulera à Paris du 6 au 7 décembre, Jacob Zuma a fait volte-face, arguant qu’il doit, aux même dates, présider une rencontre de son parti, l’ANC. Mais derrière ce discours diplomatique, la réalité est toute autre…

Plusieurs dizaines de chefs d’Etat africains ont confirmé leur présence au Sommet de l’Elysée sur la paix et la sécurité, qui se tiendra du 6 au 7 décembre. Mais ce n’est pas le cas de Jacob Zuma qui a préféré s’abstenir, après avoir pourtant assuré au Président français, lors de sa visite en Afrique du Sud les 14 et 15 octobre, qu’il serait bien présent. Officiellement, les raisons de cette volte-face sont dues à une réunion primordiale de son parti, l’ANC, qui doit désigner son candidat à la future Présidentielle, qu’il sera probablement.

Mais derrière ce langage diplomatique, la réalité est toute autre. « Cette réunion de l’ANC est une excuse, explique un analyste proche des diplomates sud-africains, qui s’est confié au journal Le Nouveau Courrier. Il pouvait la décaler. En réalité, Zuma et les dirigeants de l’ANC ne comprennent pas que ce sommet sur la sécurité ait lieu à Paris au XXIème siècle. Pour eux, c’est une rencontre néocoloniale et le fait qu’un socialiste soit au pouvoir (Ndlr : Sous François Mitterrand, la France a condamné le régime de l’apartheid et imposé des sanctions commerciales) ne change pas véritablement les choses, même si l’Elysée ne prend plus une décision sans consulter l’Union Africaine ni associer Pretoria ».

Jacob Zuma est en effet très sceptique face à ce sommet dont il ne partage pas le principe. Rappelons qu’il avait été contre l’intervention militaire française en Libye et en Côte d’Ivoire. Des interventions menées par la France que Pretoria n’a toujours pas digérées. Le Président sud-africain a toujours prôné la prise en main des crises et conflits par les Africains sans que les puissances étrangères n’interviennent.

Absence capitale

Le chef d’Etat sud-africain a d’ailleurs, début novembre, renforcé sa position en conviant à un sommet les Présidents du Tchad, Idriss Deby, de l’Ouganda, Yoweri Musevini, de la Tanzanie, Jakaya Mrisho Kikwete. L’enjeu des discussions : la mise en place d’une force militaire africaine d’intervention rapide qui permettrait d’agir en urgence en cas de crise ou conflit sur le continent. « Cette force devrait permettre à l’Afrique d’agir rapidement et de manière indépendante pour répondre aux défis sécuritaires urgents auxquels le continent fait face », avait déclaré le Président sud-africain, Jacob Zuma, lors de ce sommet.

Jacob Zuma avait également souligné que la mauvaise expérience de l’Union Africaine, régulièrement critiquée pour son inefficacité à gérer les crises au sein du continent, doit servir de leçon. « Il est temps que les dirigeants africains puissent agir rapidement et de manière décisive en cas de besoin, et cela sans aide extérieure. l’Afrique en a les capacités, il suffit de mieux nous organiser », avait-t-il défendu.

Une chose est sûre, l’absence du Président sud-africain, qui sera remplacé par sa ministre des Affaires étrangères, est loin d’être du goût de l’Elysée, qui a conscience de l’importance et du poids que représente sur le continent l’Afrique du Sud, première puissance économique africaine, dotée également d’une bonne armée. Certains soulèvent déjà cette question : A quoi bon faire ce sommet sans l’Afrique du Sud ?

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