Pourquoi l’Afrique australe décline les offres de prêts américains


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Drapeau des Etats-Unis
Drapeau des Etats-Unis

L’Afrique australe refuse les prêts américains proposés pour lutter contre la pandémie du sida. Pour ne pas s’endetter encore plus et mettre en lumière le vrai problème : la cherté des médicaments.

Les pays africains les plus touchés par le virus du sida disent  » non  » aux prêts américains qui les aideraient à lutter contre la pandémie. Ainsi, le Malawi a refusé le 25 août dernier un prêt de 40 millions de dollars des Etats-Unis proposé par la Banque mondiale. La situation est pourtant plus qu’alarmante : au moins 14% de la population du pays vit avec le VIH, et 365 000 Malawites seraient morts de maladies liées au sida depuis l’apparition du premier cas en 1985.

Face à la propagation rapide du virus, le gouvernement malawite redoute que, dans un avenir proche, plus de 50% du budget de la santé ne soit affecté au traitement de maladies liées au sida. Une situation délicate, mais qui, selon le ministère de la Santé, ne se règlera pas à coup de prêts. En effet, accepter un prêt ne ferait qu’alourdir le montant de la dette extérieure du pays qui s’élève déjà à plus de 2 milliards de dollars.  » Nous sommes d’avis qu’il est quasiment impossible d’envisager un tel prêt pour un but non productif tel que la lutte contre le sida  » a déclaré à l’agence Pana le vice-ministre de la Santé du Malawi, M. Phillip Bwanali.

Une aide plutôt qu’un prêt

Il ajoute :  » Il serait immoral pour le Malawi, qui est déjà lourdement endetté, d’accepter un autre prêt ; la meilleure solution serait que la Banque mondiale nous accorde une aide « . Le Malawi aurait alors la possibilité de mettre en oeuvre des programmes visant à réduire le coût des médicaments anti-rétroviraux, à améliorer la nutrition et à acheter des appareils de dépistage.

En Zambie, même combat. 20% de la population adulte du pays vivrait avec le VIH, 300 Zambiens sont contaminés chaque jour, environ 600 000 sont morts du Sida depuis l’apparition de la maladie et 1,5 millions de personnes pourraient en mourir d’ici 2015 s’ils n’ont pas de médicament efficace. Le 11 octobre dernier, les Etats-Unis proposent un prêt de 3,8 milliards de dollars à 12 pays africains pour lutter contre le sida.

Proposition indécente

Les Etats membres de la Communauté pour le développement de l’Afrique australe (SADC), dont fait partie la Zambie, le refusent pour les mêmes raisons que le Malawi : les pays veulent éviter d’augmenter le montant de leurs dettes extérieures respectives, et souhaitent concentrer leurs efforts financiers sur l’achat de médicaments bon marché.  » Ce que nous voulons à présent, c’est que la Banque mondiale facilite la baisse des prix des médicaments anti-rétroviraux, de sorte que ceux-ci puissent être accessibles au plus grand nombre « , déclarait alors à l’agence Pana le ministre zambien de la Santé, M. David Mpamba.

En effet, au moment où les pays africains appellent à l’annulation de leur dette, la proposition de la Banque mondiale et des Etats-Unis semble incongrue. La dette extérieure de la Zambie est estimée à 6,5 milliards de dollars, dont 48% sont dus à des créanciers multilatéraux, parmi lesquels la Banque mondiale, et l’Etat africain veut régler une fois pour toutes cet épineux problème. Bien sûr, accepter un nouveau prêt ne va pas dans ce sens.

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