Polygamie et infidélité masculine ou la culture du « moi »


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En avril 2010, une demande de déchéance de la nationalité française à l’encontre d’un individu en situation de polygamie par le ministre de l’Intérieur de l’époque, Brice Hortefeux, à son collègue de l’Immigration avait beaucoup alimentée la presse. Le principal concerné affirmait d’ailleurs ne pas être polygame mais infidèle. Retour sur le point commun des polygames et des hommes infidèles : celle de ne pas se contenter d’une seule femme dans la vie à deux, à trois, etc… Mais la manière d’aborder cette relation plurielle, les intérêts qu’ils y trouvent, sont différents. Love Intelligence décode le fonctionnement de ces hommes qui, dans la quête de leur satisfaction intime et/ou amoureuse, semblent omettre les sentiments de l’autre.

L’instabilité amoureuse, caractéristique de l’infidèle

Un homme infidèle pense souvent à tromper sa partenaire : son instabilité sur le plan amoureux et/ou sexuelle l’amène à ne se refuser que rarement aux occasions éventuelles qui s’offrent à lui. Il vit « son aventure cachée » en prenant toutes les précautions nécessaires pour ne pas laisser de traces compromettantes au regard de sa « partenaire officielle ». En ce sens il est donc scrupuleux, et se montre organisé dans son emploi du temps : il sait se faire discret, son mot d’ordre est la méfiance. C’est la raison pour laquelle il préfèrera une liaison avec une inconnue plutôt qu’avec une proche. Il compartimente ainsi ses rapports avec les unes et les autres, édifiant ainsi deux univers parallèles où les besoins qu’il recherche et trouve chez la première sont dissemblables de ses aspirations envers la/les seconde(s).

Néanmoins, infidélité ne signifie pas nécessairement désamour : un homme peut tromper sa partenaire tout en continuant à l’aimer, quand bien même il éprouverait des sentiments pour sa maîtresse. En dépit de ses aventures, elle est unique et représente en quelque sorte la partie stable et équilibrée de sa vie. C’est un homme qui ne veut pas perdre la confiance de sa femme, et de ses enfants, le cas échéant. Pour, lui c’est d’ailleurs un point d’honneur que d’être un bon mari et un père exemplaire. En somme, l’une ou l’autre de ses différentes compagnes sont respectivement évocatrices d’une relation singulière, et à moyen terme d’un amour particulier. Celui-ci considère alors ses conquêtes non comme des relations adultérines, pour tromper son « officielle », mais comme une entité, parmi d’autres entités desquelles la diversité répond à sa conception des rapports homme-femmes : l’amour dans toute sa plénitude.

Se constituer un harem, l’idéal du polygame

Au risque de surprendre, On peut dire que le polygame est plutôt honnête, du moins dans le sens où il ne se cache pas dans ses rapports avec d’autres femmes. Il n’est pas question pour lui de vivre des liaisons parallèles : toutes « ses femmes » sont mises à la même enseigne. D’ailleurs, elles se connaissent toutes généralement, allant parfois jusqu’à cohabiter dans certaines régions du monde où la polygamie reste une institution. Pour le polygame, la conception de l’existence sexuelle et/ ou amoureuse est donc de vivre simultanément ses différentes relations comme si elles n’en constituaient qu’une seule : chacune de ses partenaires représente le pilier nécessaire à son épanouissement. Il ne peut saisir l’autre comme une personnalité entière et autonome : elle est la partie d’un ensemble autrement plus grand. En somme, on peut donc avancer que le polygame vit dans une sorte de société intime dans laquelle il est « le soleil » autour duquel gravitent « ses femmes ».

Incidence sur les femmes ?

Dans ces deux types d’occurrences, c’est la philosophie du moi-d’abord qui prédomine. La femme se sent donc délaissée émotionnellement, et parfois socialement : elle se pense remplaçable et culpabilise parce que son partenaire lui donne l’impression de ne pas pouvoir répondre à ses attentes.

Le grand paradoxe des hommes

Les coachs Love Intelligence observent ainsi que les hommes confrontés à cet éclatement intérieur montrent une certaine fragilité qu’ils cherchent justement à combler à travers cette sorte de

« surpuissance » que leur procure l’idée de « posséder plus d’une femme »… L’infidélité ou la polygamie sont alors des palliatifs censés soigner un manque d’estime, de confiance en soi… « Avoir », « posséder » une femme est, en ce sens un signe de succès, une marque de virilité et de plénitude.

En incluant l’acte d’infidélité et/ou de polygamie dans la quête d’épanouissement, l’individu cherche à flatter son ego, notamment par la dévalorisation de sa partenaire, arguant un statut de victime et lui imputant celui de coupable, inconsciemment ou non. Elle est coupable de ne pas avoir su le prémunir de ce comportement d’infidélité ou de polygamie. Il pallie son manque d’estime en essayant de le combler dans le regard d’une autre femme : dans sa séduction et sa conquête. Or, cette attitude traduit une évasion, une fuite en avant, et risque de devenir récurrente si elle n’est pas traitée à la source. Souvent l’infidèle ou le polygame nourrit un fort sentiment de jalousie dans ses différentes relations. Une réaction somme toute logique qui confirme une confiance en soi fragilisée : bien que celui-ci s’autorise à aller voir ailleurs, la réciprocité est inacceptable et vécue cette fois-ci comme une véritable et profonde trahison.

Florence Escaravage – Love Intelligence

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