Parcours d’un Africain de la diaspora


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Sur les pas de Mohamed Diarra, 37 ans, Ivoirien, directeur commercial de F&D Negoce Corporation, la société de consulting en import-export qu’il a créé en France en 2001. Ou le parcours d’un Africain de la diaspora qui rêve de rentrer au pays.

Mohamed Diarra est le directeur commercial de F&D Negoce Corporation, une société de consulting en import-export, basée à Fontenay-sous-Bois en région parisienne, qu’il a créée en avril 2001 avec un ami martiniquais. Diplômé de l’Université des sciences appliquées et commerciales en Allemagne, cet Ivoirien de 37 ans rêve de revenir dans son pays une fois la situation apaisée. Il nous livre son expérience d’Africain de la diaspora.

Afrik : Vous êtes ivoirien et vous avez fait vos études en Europe. Votre but était-il de retourner au pays ensuite ?

Mohamed Diarra : Je suis venu en Europe pour me former et pouvoir apporter des choses à l’Afrique. Car quand je regarde mon continent, ça me fait mal. Il souffre de tous les maux. J’ai quitté la Côte d’Ivoire en novembre 1988 pour Paris où je me suis inscrit à la Sorbonne. Cela ne m’a pas satisfait car je voulais des études pratiques. J’ai choisi de partir en Allemagne même si je ne parlais pas un mot d’allemand ! Après une période d’apprentissage de la langue, je me suis tourné vers l’Université des sciences appliquées et commerciales, l’une des meilleures écoles du pays, l’équivalent de l’Essec en France. Malheureusement, une fois mes études terminées, la crise en Côte d’Ivoire m’a empêché de rentrer. J’attends que la situation s’éclaircisse un peu pour partir.

Afrik : Vous faites donc partie de cette diaspora susceptible de développer le continent. Les Africains issus de la diaspora sont-ils bien accueillis en Afrique ?

Mohamed Diarra : La diaspora africaine est très vaste, c’est pourquoi je préfère parler de mon propre cas. C’est vrai qu’en Afrique, on nous déroule rarement le tapis rouge mais tout dépend du contexte. On peut être mal ou bien accueilli suivant le projet que l’on propose. Il arrive aussi que l’on ait du mal à développer ses projets. En Côte d’ivoire, il n’y a pas d’organisation ni de réseau pour attirer, accueillir et intégrer la diaspora dans le tissu industriel et social. Il n’y a pas de politique à ce niveau. Même les associations d’anciens étudiants en Europe ne se tournent pas vraiment vers les membres de la diaspora qui veulent rentrer.

Afrik : Que pensez-vous de la vision occidentale de l’Afrique ?

Mohamed Diarra : Objectivement, lorsque je vois le regard qu’un Occidental peut avoir sur moi, Africain, noir, il n’est pas bon. Et ça, je le vis tous les jours. L’Europe ne montre de l’Afrique que ses problèmes, ses guerres, ses famines. Résultat : l’Africain est toujours vu comme un vendeur de drogue ou un réfugié politique…

Afrik : Comment considérez-vous votre situation en France ?

Mohamed Diarra : Je me vois comme quelqu’un qui fait un break dans son parcours, je développe mon entreprise en France mais j’espère la délocaliser en Afrique. C’est déprimant de voir son pays dans une mauvaise situation et de ne pas pouvoir y aller.

Afrik : Lorsque vous êtes revenu d’Allemagne, avez-vous pu exercer vos compétences en France ?

Mohamed Diarra :Absolument pas. Je suis arrivé le 12 avril 2001 et j’ai envoyé plus de 200 CV à des entreprises qui travaillent avec le continent dans le domaine du commerce international, de l’import-export et du financement international. J’ai décroché deux entretiens. Pour le reste, pas de réponses. J’avais deux handicaps : la France ne reconnaît pas totalement les diplômes allemands, ce qui est une erreur, et j’ai terminé mes études à 35 ans, ce qui peut paraître trop vieux. Et puis, il faut dire les choses comme elles sont : les Africains souffrent de discrimination. Pour les commerciaux, il est difficile de représenter une société quand on est noir. Je crois qu’on peut appeler ça du racisme.

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