Paludisme : à quand le remède ?


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Un moustique
Un moustique (illustration)

Le 25 avril est la journée africaine du paludisme. Une maladie meurtrière dont le traitement est devenue une priorité au même titre que le sida et la tuberculose. La recherche et la prévention ont pourtant beaucoup évolué même si le parasite et le moustique responsables de la maladie sont de plus en plus résistants.

« Pour faire reculer le paludisme, protégeons les femmes et les enfants. » C’est le slogan de la troisième journée africaine du paludisme dont l’hôte est le Kenya. Le thème retenu cette année : des moustiquaires imprégnées d’insecticide et des traitements antipaludiques efficaces pour les femmes enceintes et les enfants en bas âge d’ici 2005. Le paludisme tue 3 000 enfants par jour en Afrique et près d’un million de personnes dans le monde selon le African Malaria Report 2003 de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Sa cible de prédilection : les enfants et les femmes. Le paludisme reste la maladie tropicale la plus importante et la plus répandue. Elle sévit également dans les pays tempérés mais l’Afrique reste sa chasse gardée : 90% des cas y sont répertoriés. Le traitement de la maladie devient de plus en plus ardu : le plasmodium (parasite) et l’anophèle (moustique) font de la résistance.

Les enfants et les femmes : premières victimes

Mercredi dernier, marchaient à Pretoria (Afrique du Sud), près de 80 femmes et enfants, réclamant que les 44 chefs d’Etats africains présents à Abuja (Nigeria), rencontre décisive dans la lutte contre le paludisme, s’en tiennent à leurs engagements. En substance : qu’ils luttent efficacement contre la maladie. Une lutte qui devrait passer par la suppression des taxes sur les insecticides et les moustiquaires imprégnées. En effet, 26 pays sur les 44 ne seraient pas encore passés à l’action. On compte parmi eux l’Afrique du Sud, Madagascar, la Sierra Leone, l’Angola, le Burkina Faso, le Burundi, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, l’Ethiopie, le Gabon, et la Gambie, le Togo, le Niger, la Mauritanie, Djibouti, le Congo, etc. Des efforts sont pourtant faits dans ces pays dans la lutte contre le paludisme, priorité des priorités, à l’instar du sida et de la tuberculose.

Ces pays bénéficient de ressources issues notamment d’un fonds qui est alimenté par l’OMS et de partenaires comme la Banque Mondiale. « Les actions menées contre le paludisme ne le sont pas toujours à grande échelle, ce qui rend peu visible leur impact », remarque le Dr Yeya Touré, coordinateur de la recherche sur le paludisme au sein du programme de recherche et de formation sur les maladies tropicales (TDR) de l’OMS. Outre les Etats, la recherche scientifique s’emploie à trouver des remèdes à ce fléau. La publication simultanée, en octobre dernier, des génomes de l’Anopheles gambiae (l’anophèle), le moustique responsable de la diffusion du paludisme et de celui du parasite, le Plasmodium falciparum (Plasmodium) aura marqué les esprits. L’isolation très récente de la protéine, par une équipe de recherche écossaise est une avancée notable dans la compréhension du métabolisme du parasite, nécessaire à la mise en d’un traitement efficace. « De la compréhension du principe métabolique au développement d’un médicament, il y a un long chemin », constate néanmoins Yeya Touré.

Le moustique et le parasite résistent

D’autant plus que l’anophèle et le plasmodium sont de plus en plus résistants. C’est l’accoutumance que développe l’espèce à un remède, qui est intégré à son patrimoine génétique. « La nivaquine ne sera d’ailleurs bientôt plus efficace. Le paludisme est une maladie complexe. Le parasite est polymorphe, il change constamment dans un environnement climatique et dans un contexte social très variables. De plus, il y a une sorte de vide entre la recherche et la capacité de transformer ces résultats en outils concrets de lutte. Une meilleure communication entre les chercheurs et les personnes sur le terrain y aiderait sûrement », indique le scientifique.

La question de la résistance demeure un problème épineux. Notamment dans le cas d’une ré-introduction éventuelle de la DDT, un pesticide qui, utilisé avec précautions, pourrait être efficace. Yeya Touré explique que « le principal risque de son utilisation réside dans le développement d’une résistance croisée avec la perméthrine utilisée pour imprégner les moustiquaires », pierre d’angle de la prévention en matière de paludisme. Des combinaisons sont également envisagées entre les médicaments existants et les nouveaux anti-paludéens (les artémisimines).

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