Paix au Proche-Orient : Hillary Clinton déçoit la ligue arabe


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Hillary Clinton, la Secrétaire d’Etat américain est arrivée lundi à Marrakech au Maroc, où elle doit consulter certains ministres de la ligue arabe qui y tiennent un sommet. Au menu de son séjour qui s’achève Mardi, la question de la liberté de la presse dans le royaume chérifien, mais surtout la relance du processus de paix au Proche Orient. Un dossier sur lequel la ligue arabe et les Etats-Unis sont loin d’être sur la même longueur d’onde, depuis que Washington a mis un bémol sur ses pressions en vue d’obtenir d’Israël le gel total des colonies en territoire palestinien.

« Je vous affirme que nous sommes tous, y compris l’Arabie saoudite et l’Egypte, profondément déçus » a déclaré lundi à la presse Amr Moussa, le secrétaire général de la Ligue arabe, en marge du conseil ministériel de l’organisation à Marrakech. En cause, le revirement des Etats Unis sur la question des colonisations juives. En visite à Jérusalem Samedi, Hillary Clinton avait appuyé la proposition israélienne de geler partiellement les colonies. Elle avait en outre demandé au président palestinien, Mahmoud Abbas, d’accepter la relance du processus de paix, sans plus faire de l’arrêt de la colonisation israélienne un préalable, comme par le passé.

Il y a pourtant quelques mois, Washington exigeait d’Israël le gel total des colonies non seulement en Cisjordanie, mais également à Jérusalem-est. L’administration Obama réclamait alors de l’Etat d’Israël qu’il admette non seulement le principe d’un Etat palestinien, mais qu’il suspende aussi toutes les nouvelles constructions d’habitations à l’est de la ligne verte [[Encore appelée ligne d’armistice de 1967, la ligne verte devait constituer à quelques modifications près, la base de la séparation entre Israël et le futur Etat palestinien]]. Tel -Aviv n’a pas cédé à ces exigences. Benyamin Netanyahou, le premier ministre israélien, a tout au plus consenti à limiter l’extension des colonies aux 3000 logements déjà autorisés par son gouvernement. Il ne veut même pas considérer comme étant des colonies, les logements construits dans la partie arabe annexée de Jérusalem-Est.

Risque d’échec du processus de paix

La révision a minima de leurs exigences par les Etats-Unis constitue une victoire pour le premier ministre israélien. Benyamin Netanyahou sort d’autant plus gagnant de cet épisode du conflit israélo-palestinien, que les pressions initiales de la diplomatie américaine l’avaient mis dans une position inconfortable. Il courait en effet le risque de voir sa fragile coalition de droite constituée après son élection en début d’année voler en éclat, s’il cédait aux pressions américaines. A l’inverse, il était de plus en plus perçu comme un obstacle à la reprise des pourparlers de paix.

Lundi à Marrakech, Hillary Clinton a tenté de justifier le revirement des Etats-Unis. « Israël a répondu à l’appel des Etats-Unis, des palestiniens et du monde arabe en faveur d’un arrêt des activités de colonisation, en exprimant sa volonté de restreindre celles-ci », a-t-elle déclaré. Elle a ajouté que l’offre de l’Etat d’Israël est loin « de ce que nous préférions. Mais si elle est mise en œuvre, cela sera une restriction sans précédant de la colonisation et cela aura un effet significatif ».

Des arguments qui ne convainquent pas de nombreux observateurs. «Aucun autre pays n’a jamais fait plier les Etats-Unis. Mais Israël, l’occupant, reçoit un traitement différent, alors qu’il continue de se moquer de l’Amérique et du monde en construisant des colonies, et en priver les Palestiniens de leurs droits » a écrit l’éditorialiste Guideon Lévy, dans le quotidien israélien libéral Haaretz. « Les américains ont compris que leur approche initiale était totalement irréaliste et qu’ils ne pouvaient pas obtenir davantage de concessions de Netanyahou, massivement soutenus par ses compatriotes » a renchéri Ephraïm Inbar, directeur du Centre d’études stratégiques Begin-Sadate de l’université Bar-Ilan de Tel-Aviv, cité par le quotidien Le Parisien.

La ligue arabe n’entend pas de son côté reprendre les négociations de paix comme le suggère Washington, sans le gel total des colonies. Hosni Moubarak, le président Egyptien, l’avait fait savoir à Barack Obama, lors de leur rencontre à la Maison Blanche, en août dernier. Mohammed VI le roi du Maroc devait réitérer la même position à Hillary Clinton lundi, lors de leur tête-à tête d’Ouarzazate, au sud-est de Marrakech. Il devait souligner la nécessité, pour un retour à la paix au Proche Orient, de créer un « Etat palestinien indépendant et viable sur tous les plans », selon une source gouvernementale citée par France 2.

Lundi, le secrétaire général de la ligue arabe a pointé le risque d’un échec de la médiation américaine sur ce dossier.
Hillary Clinton se rendra en Egypte mercredi, où elle s’entretiendra à nouveau avec Hosni Moubarak, sur le même sujet.

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