Ousmane Sonko, les Sénégalais partagés sur son état de santé en prison


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Ousmane Sonko, opposant sénégalais
L'opposant sénégalais Ousmane Sonko

L’opposant sénégalais, Ousmane Sonko, poursuit sa grève de la faim entamée depuis qu’il a été envoyé en prison. Afin de contester son arrestation du 28 juillet, le leader du parti dissout Pastef, a refusé de se soigner. Aux dernières nouvelles sa santé se détériore. Les Sénégalais apprécient diversement sa situation.

Ousmane Sonko a été condamné par la justice sénégalaise, notamment pour appel à l’insurrection. Son état de santé se détériore, poussant les Sénégalais à s’inquiéter pour son sort. Dans un communiqué, sa formation politique a indiqué que son leader a refusé de recevoir « toute forme de soins médicaux ». D’ailleurs, le 6 août, Ousmane Sonko a dû être hospitalisé, en raison de son état de santé.

Ousmane Sonko, un « prisonnier politique » ?

Pour son parti, Pastef (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité), « cette situation jette le discrédit sur les institutions, cultive et entretient la haine et le ressentiment ». Qualifiant Ousmane  Sonko de « prisonnier politique », le Pastef insiste que « tous les prisonniers politiques au Sénégal doivent être libérés. C’est une exigence sociale. Des innocents remplissent les prisons pour des raisons politiques ». Sonko a-t-il sa place en prison ? Afrik.com a réalisé un micro-trottoir pour recueillir quelques réactions.

« Ousmane Sonko ne mérite pas ce qui lui arrive. C’est comme si Macky Sall s’acharnait sur lui. Non content d’avoir jeté Sonko en prison, le voilà qu’il prononce la dissolution de son parti. Mais qu’il comprenne que Pastef, ce n’est pas qu’un parti, c’est une doctrine. Car Pastef veut dire ambition, détermination. Et nous sommes déterminés à apporter le changement au Sénégal. Ce n’est pas en jetant notre leader en prison que Macky Sall aura ce qu’il veut. Car, il y a d’autres Ousmane Sonko dans le pays », a réagi Moustapha Diop, commerçant.

Macky pour ouvrir un boulevard à son dauphin

Même son de cloche chez Fatou Camara, elle aussi commerçante. Les larmes aux yeux, elle dit ne pas comprendre « pourquoi Macky Sall cherche toujours à liquider ses adversaires politiques. Il (Macky Sall) dit qu’il ne sera pas candidat en 2024, mais c’est sûr qu’il va proposer un candidat. Et c’est certainement pour pouvoir ouvrir un boulevard à son dauphin qu’il crée des ennuis à Ousmane Sonko. Mais il oublie le Bon Dieu, qui a le dernier mot. En tout cas, si jamais Sonko meurt en détention, Macky Sall aura écrit une des pages les plus sombres de l’histoire du Sénégal ».

« Pourquoi emprisonner un opposant ? C’est juste de la politique et la liberté n’a pas de prix. Macky Sall en sait quelque chose. On était présent lorsqu’il craignait d’être emprisonné par Me Wade (Abdoulaye Wade, ancien Président du Sénégal). Il a été demander le soutien de plusieurs guides religieux, juste pour éviter d’aller en prison. Aujourd’hui, quand je le vois jeter des opposants en prison, je me dis que le ridicule ne tue plus au Sénégal. Et Ousmane Sonko a bien raison d’observer une grève de la faim pour arracher sa liberté. Je trouve que son emprisonnement est injuste ».

Ses multiples appels, un prétexte pour le jeter en prison

Par contre, selon Abdou Diouf, vendeur ambulant, « Ousmane Sonko n’a que ce qu’il mérite. Il est à l’origine de tout le désordre qu’il y a actuellement au Sénégal. Il a fini d’instaurer une sorte d’indiscipline que tout le monde copie. Comment concevoir quelqu’un qui aspire à être Président et qui passe son temps à critiquer la justice. Il appelle à la violence, chaque fois qu’il se sent menacé. C’est lui qui appelle ses militants et sympathisants à investir les rues à travers des manifestations souvent meurtrières. L’Etat peut bien trouver, en son comportement et ses multiples appels, un prétexte pour le jeter en prison ».

« Ce qui me dérange le plus chez Ousmane Sonko, c’est son attitude de défiance envers la justice et les institutions de notre pays. A un moment donné, il se croyait tout permis, tellement il est populaire. Seulement, il a oublié qu’on ne défie pas un Etat. Surtout pas un Etat africain. On ne se bat pas contre un régime en place. Il aurait pu s’opposer en y mettant les formes, mais se croire au-dessus même du président de la Répoublique, il s’est tiré une balle dans le pied. Il n’a qu’à assumer son emprisonnement, au lieu d’observer une grève de la faim », poursuit l’ambulant.

Cela ne sert à rien qu’il fasse la grève de la faim

Pour Amadou Sarr, enseignant, « la situation est très complexe. On a deux personnes qui veulent la même chose : le pouvoir. L’un veut sauver son fauteuil de Président et l’autre veut le lui arracher. Macky sait ce qu’il risque au cas où Sonko arrivait au pouvoir. C’est donc, à ses yeux, un mortal kombat. Sauf que Sonko, au lieu de procéder avec tact, jusqu’à obtenir ce qu’il veut, il est allé trop vite en besogne. Il a opté pour le corps-à-corps face à Macky et il semble l’avoir perdu. Maintenant, cela ne sert à rien qu’il fasse la grève de la faim en prison ».

« Si jamais il meurt en prison, c’est lui qui perd. Même si cela se répercutera sur le niveau de la démocratie de notre pays, mais l’irréversible se serait déjà produit. Et c’est lui et ses proches qui vont perdre. Dans la mesure où il a toujours montré qu’il est un gaillard, prêt pour la conquête du pouvoir, il n’a qu’à poursuivre sa lutte, avec dignité. Vu son statut, observer une grève de la faim pour obtenir sa liberté, ce n’est pas trop courageux. Et puis, ne dit-on pas que la prison est le chemin le plus court qui mène au palais présidentiel. Que Sonko prenne alors son mal en patience », conclut l’enseignant.

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Journaliste pluridisciplinaire, je suis passionné de l’information en lien avec l’Afrique. D’où mon attachement à Afrik.com, premier site panafricain d’information en ligne
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