Otages au Mali : incertitudes autour des revendications d’Al-Qaïda


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Après les révélations du journal Al Arabia, le Gouvernement français affirme aujourd’hui n’avoir reçu aucune revendication d’Al-Quaïda au Maghreb (Aqmi). Au Niger, le groupe français Areva envisagerait un retour des expatriés sur ses sites.

Le flou est toujours le plus total autour des revendications d’Al-Quaïda au Maghreb. Le journal Al Arabia annonçait hier que les ravisseurs réclameraient l’abrogation de la loi sur l’interdiction du voile islamique intégral en France, la libération d’activistes et sept millions d’euros en échange de la libération des sept otages français et africains enlevés au Niger. Cette information a été démentie aujourd’hui par le Quai d’Orsay. Le gouvernement français affirme n’avoir reçu aucune revendication. «Il n’y a aucun message de la part d’Aqmi. Aucune demande n’a été faite», a indiqué une source à la présidence française. Les autorités françaises ont ensuite indiqué qu’elles étaient prêtes à engager des pourparlers avec Aqmi pour la libération des otages.
Aqmi a revendiqué le 21 septembre l’enlèvement cinq jours plus tôt à leur domicile d’Arlit (nord du Niger) de cinq Français, d’un Togolais et d’un Malgache, collaborateurs du groupe nucléaire Areva et d’un de ses sous-traitants, Satom, une filiale du géant des travaux publics Vinci.

La lutte contre le terrorisme au Maghreb a, elle, trouvé un allié inattendu. Des membres de l’ex-rébellion touaregs qui a déstabilisé le Mali dans les années 1990 et au début des années 2000 ont annoncés dimanche être prêts à se joindre à la lutte contre Al-Qaida au Maghreb Islamique (AQMI). « Aqmi veut salir l’image de notre région. Nous n’allons pas l’accepter », a déclaré leur porte-parole, Ahmada Ag Bibi, à l’Assemblée nationale du Mali. Cette coopération devrait avoir lieu dans le cadre des accords de paix d’Alger, signés en juillet 2006 sous les auspices de l’Algérie par le gouvernement malien et l’Alliance pour la démocratie et le changement (ADC) qui rassemble différents groupes d’ex-rebelles touaregs du Mali.

Bientôt un retour des expats ?

De son côté, le groupe nucléaire français Areva a confié, hier, envisager le retour sur place d’une poignée de cadres afin d’assurer la continuité de ses activités d’extraction d’uranium. Huit à dix ingénieurs pourraient ainsi reprendre du service sur les installations d’Arlit (nord du Niger), sur la base du volontariat. La question de son activité au Niger est de la plus haute importance pour le groupe français, leader mondial de l’énergie nucléaire, et détenteur de 27 % de l’uranium nigérien. Depuis le retrait de ses expatriés, deux mines et leurs usines fonctionnent en ce moment avec du personnel à 98 % nigérien. Si la production des mines et des usines peut être assurée de la sorte pendant deux ou trois mois, l’absence d’expatriés risquerait de causer une perte en rendement au fil des semaines. Surtout, certaines usines, fabriquant du « yelow cake » (poudre d’uranium), vielles de 30 ans, nécessitent des travaux de maintenance importants pour lesquels il y a, selon Areva, besoin d’expertise d’expatriés et de sous-traitants. Ainsi, les groupes Somaïr et Cominak, qui gèrent les deux mines du groupe français avaient prévu d’arrêter l’activité de leurs usines, respectivement en décembre et en mars

L’insécurité dont est victime la région est un véritable problème pour le gouvernement nigérien, qui fait tout son possible pour persuader les entreprises travaillant au Niger que la situation est sans danger pour leurs employés. Le gouvernement s’attèle particulièrement à maintenir l’activité minière du pays. Déjà première ressource à l’exportation du Niger, ce secteur est en plein essor dans ce pays qui figure parmi les plus pauvres du monde. La semaine dernière le Ministre des mines, Souleyman Abba, déclarait que Le Niger assurerait « la sécurité des personnes et des biens en mettant tous les moyens nécessaires pour que les investisseurs et les détenteurs des permis miniers puissent poursuivre leurs activités ».

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