Offensive terroriste à Casablanca


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Drapeau du Maroc
Drapeau du Maroc

Quatre attentats suicides ont frappé vendredi soir la ville de Casablanca, faisant 41 morts et plus de 100 blessés. Des attaques simultanées qui plongent le Maroc, jusque là épargné par le terrorisme, dans l’horreur et la stupéfaction. Dans la ligne de mire des enquêteurs : un mouvement radical islamique qui se ferait appeler Assirat al Moustaquim (Le chemin vertueux).

41 morts et plus de 100 blessés, tel est le bilan provisoire du quadruple attentat suicide de Casablanca. Il était 22 heures (heure locale) vendredi quand les déflagrations ont presque simultanément retenti dans la capitale économique chérifienne. Epargné depuis 1994 par le terrorisme international, le Maroc est aujourd’hui sous le choc. L’enquête progresse toutefois à grands pas et les commanditaires de l’opération auraient déjà été identifiés.

Les attaques ont été perpétrées à la voiture piégée et à l’explosif contre l’hôtel Farah-Maghreb, le consulat de Belgique, un centre culturel israélien (le Cercle de l’alliance israélienne) et le restaurant huppé de la Casa de Espana (La Maison d’Espagne). 13 et 14 kamikazes sont morts dans l’opération. Des frappes qui interviennent quelques jours après le triple attentat de Riyad (Arabie Saoudite), le 13 mai dernier, où 34 personnes avaient trouvé la mort, et qui endeuillent la fin d’une semaine de festivités marocaine célébrant la naissance, le 8 mai, du prince héritier Moulay al Hassan.

Assirat al Moustaquim

« Ils (les terroristes, ndlr) sont liés à des éléments qui sont actuellement jugés devant la cour d’appel de Casablanca. Certaines indications laissent à penser qu’ils sont liés à un groupe qui se fait appeler Assirat al Moustaquim (Le chemin vertueux, ndlr) », a déclaré dimanche le ministre marocain de la justice Mohammed Bouzoubaa. C’est le 14ème homme du commando, grièvement blessé et placé en détention, qui aurait livré aux enquêteurs des éléments sur ses complices. L’obscure organisation islamiste Assirat al Moustaquim) serait une branche dissidente du Djihad salafiste, groupe radical dont l’un des chefs religieux, Ould Mohammed Abdelwahab Rakiki, a été emprisonné cette année pour incitation à la violence. La police chérifienne a procédé samedi à un vaste coup de filet et 33 personnes ont été interpellées.

Pour les autorités, l’attaque « porte la signature du terrorisme international ». Oussama Ben Ladden, chef de l’insaisissable organisation terroriste Al-Qaida, avait déjà appelé les musulmans à « libérer » le Maroc d’un régime jugé à la solde des Etats-Unis. Washington semble avoir été pris par surprise. La Maison Blanche qui avait récemment mis en garde leurs ressortissants contre des risques d’attentats en Afrique, notamment au Kenya, n’avait pas mentionné le Maroc, considéré jusque là comme un pays relativement stable. La dernière attaque terroriste remonte à 1994 où deux touristes espagnols avaient été abattus dans un hôtel de Marrakech. Mais si le spectre d’Al-Qaida plane, en filigrane, sur les attaques suicides de vendredi, on peut toutefois s’interroger sur l’absence de cibles américaines dans les attaques.

Ne pas céder devant le terrorisme

La condamnation internationale des attentats de Casablanca est unanime. Le président américain George W Bush a d’ores et déjà proposé son aide à Rabat pour traquer les coupables et les traduire en justice. Et au premier ministre espagnol, José Maria Aznar, de rappeler que « personne ne peut être en marge du combat contre le terrorisme », réaffirmant par ailleurs la nécessité de « coopération et de collaboration face au terrorisme ».

« Le royaume du Maroc ne se rendra jamais aux terroristes et ne permettra à personne de menacer sa sécurité », a annoncé samedi à la télévision le ministre marocain de l’Intérieur, Mustapha Sahel. Le porte-parole du palais royal, Hassan Aourid, évoque pour sa part la détermination du Maroc « à sévir sans merci et sans états d’âme ». Le message est clair : la chasse est ouverte. Mais le mal est sans doute déjà fait. Car à moins de deux mois de la pleine saison touristique, les conséquences du quadruple attentat de Casablanca pourraient s’avérer désastreuses pour l’économie du pays.

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