Nord-Mali : les châtiments corporels se multiplient contre les populations


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Au Nord-Mali, les civils payent un lourd tribut du conflit malien. C’est ce que dénonce un rapport d’Amnesty International rendu public ce jeudi. Les islamistes, qui occupent la région depuis avril, multiplient les sévices corporels à l’encontre de ceux qui n’obéissent pas à leurs lois.

De plus en plus de civils sont fouettés, amputés, ou sévèrement battus par les islamistes. Leurs crimes ? Le non-respect des règles érigées par ces derniers qui occupent le Nord depuis avril. La population paye ainsi un lourd tribut du conflit malien, constate Amnesty International dans un rapport publié ce jeudi.

Selon l’organisation de défense des droits de l’homme, depuis « le mois août, sept personnes accusées de vol ou braquage ont été amputées à la suite de décisions expéditives ». Le 8 août dernier, l’éleveur touareg Alhader Ag Almahmoud, accusé d’avoir volé du bétail, a été « amputé de la main droite à la suite d’un procès méprisant les garanties essentielles prévues par le droit international ». Il s’est confié à Amnesty International : « J’étais assis au milieu de plus de dix personnes dont le chef du Mujao [Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest]. Les questions n’ont pas dépassé les dix minutes […] La majorité a déclaré que j’étais coupable et qu’il fallait appliquer la Charia en me coupant la main droite au niveau du poignet. […] Avant l’amputation de ma main, le propriétaire du bétail volé est venu déclarer que les bêtes avaient été retrouvées. »

Des femmes violées

Des femmes seraient également régulièrement victimes de viols par les groupes armés travaillant avec les islamistes. D’après le rapport, récemment, une jeune fille âgée de quatorze ans a été violée à Tombouctou par un membre de la police mise en place par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). L’homme en question, qui aurait commis le crime, serait un Burkinabé. Il a écopé de 11 coups de bâtons sur la place Sankorè. Il a également été condamné à épouser la fille et a été exclu de la police. Mais, d’après l’ONG, « il n’a pas épousé sa victime, n’a pas été expulsé de Tombouctou et continue de faire partie de la police d’AQMI. »

Le recrutement d’enfants soldats par les milices islamistes se poursuit également. La majorité des recrues ont moins de vingt ans. D’autres ont à peine dix ans. Une fois enrôlés, les jeunes soldats reçoivent un entrainement militaire. Ils apprennent les techniques de combats et comment manier les armes. « Ils m’ont dit l’école, ce n’est pas bon. On m’a emmené dans les camps d’entraînement et on m’a montré comment charger l’arme, toutes ses positions », témoigne ce jeune Malien. Face à la situation, l’Unicef a tiré la sonnette d’alarme en juillet dernier.

Amnesty International a lancé un appel aux autorités du pays : « Alors que le conflit peut reprendre à tout moment, il est essentiel que les parties en présence assurent la protection des populations civiles dans le strict respect du droit international humanitaire et des droits humains ».

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