« Noir & Fier » : « un collectif non communautariste mais solidaire »


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Christian Dzellat-Nkoussou

Noir & Fier, créé en 2004, était au départ un collectif composé de jeunes noirs qui voulaient changer les choses avec leurs idées. Ils ont débuté avec la création de t-shirts. Puis, par concours de circonstances, le collectif est devenu une association dotée d’un site internet et d’une page Facebook rassemblant plus de 417 000 fans. Rencontre avec Christian Dzellat-Nkoussou, Français d’origine congolaise et membre fondateur de l’organisation, qui exhorte les Noirs de France à s’affranchir de la victimisation et prendre leurs responsabilités.

Christian Dzellat-Nkoussou
Afrik.com : En une phrase, comment définiriez-vous Noir & Fier ?

Christian Dzellat-Nkoussou :
Un cri de ras-le-bol. Une saturation vis-à-vis du racisme sous toutes ses formes et du manque de solidarité constaté.

Afrik.com : Quel est le but de votre organisation ?

Christian Dzellat-Nkoussou :
Promouvoir l’excellence noire. Il est important d’avoir une identité et de la perpétuer en montrant l’exemple, en expliquant l’histoire, et apprenant à s’aimer. Notre histoire c’est notre histoire, il faut la prendre telle qu’elle est, pour le meilleur comme pour le pire.

« Notre histoire c’est notre histoire, il faut la prendre telle qu’elle est, pour le meilleur comme pour le pire.»

Afrik.com : Peut-on dire que vous êtes un collectif communautariste ?

Christian Dzellat-Nkoussou :
Nous ne sommes pas une association communautariste. On ne sait plus ce que veut dire le mot « communautaire » de nos jours. Il y a eu beaucoup trop de stigmatisation face à l’interprétation et au sens de ce mot. De nos jours, on a l’impression que l’entente entre Noirs fait peur. On pourrait dire qu’il existe des communautés de médecins, d’avocats, de politiciens ou même appeler le réseau Facebook une communauté. C’est un mot trop souvent mal employé et mal compris qui est devenu péjoratif.

Afrik.com : Alors, pourquoi restreindre votre association aux Noirs ?

Christian Dzellat-Nkoussou :
C’est un problème de Noirs qui ne peut être réglé que par des Noirs. Pour avoir un impact conséquent, étant nous-mêmes Noirs, nous nous adressons aux personnes concernées qui peuvent non seulement comprendre, mais aussi ressentir les mêmes choses que nous. Un Blanc par exemple peut comprendre notre message et notre démarche, mais ne pourra pas ressentir les choses au même titre qu’un Noir.

« De nos jours, on a l’impression que l’entente entre Noirs fait peur. Notre combat est axé sur le manque de solidarité entre les Noirs de toute origine.»

Afrik.com : Quelles sont les différentes actions menées par Noir & Fier ?

Christian Dzellat-Nkoussou :
Nous agissons sur l’instant. Notre action première c’est Noir & Fier, car c’est un combat au quotidien. Même si nous communiquons peu, nous sommes souvent sur le terrain. Lorsqu’un évènement se présente nous faisons la démarche d’accompagnement. Nous participons également à des émissions de radio, on s’associe à des œuvres caritatives pour envoyer de la nourriture en Afrique, etc. Nous militons, par ailleurs, aux cotés d’autres groupes contre le système des enfants soldats dans plusieurs pays d’Afrique.

Afrik.com : Quel message voulez-vous faire passer à la société française ?

Christian Dzellat-Nkoussou :
Nous sommes des êtres humains. Il y a une sorte de légitimité que la société au fond comprend car notre démarche prône la solidarité.

« Un Blanc par exemple peut comprendre notre message et notre démarche, mais ne pourra pas ressentir les choses au même titre qu’un Noir.»

Afrik.com : « Parce qu’il est temps que les choses changent », expliquez-nous le sens de votre slogan ?

Christian Dzellat-Nkoussou :
Notre combat est axé sur le manque de solidarité entre les Noirs de toute origine. Apprendre à garder une régularité, une ténacité et une conviction de réussite dans nos actions pour aboutir à un changement au lieu de se suffire à une ou deux démarches puis disparaître. Nous devrions prendre exemple sur les Américains sur ce sujet. Même si le combat est long et dur et même si tout n’est pas gagné, ils restent solidaires et continuent jusqu’à ce qu’ils avancent au moins d’un pas. Car l’important c’est de constater un changement aussi minime soit-il.

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