Dans une révélation troublante, des chercheurs d’Amnesty International, de retour d’une mission d’inspection au Nigéria, ont décrit les conditions de vie dans les prisons nigérianes comme étant « épouvantables ». La visite, qui a couvert une dizaine de prisons dans les États d’Enugu, de Kano, de Lagos ainsi que le Territoire de la capitale fédérale, a mis en lumière les graves retards de la justice nigériane et les conditions inhumaines auxquelles sont soumis les détenus.
Aster van Kregten, responsable des recherches sur le Nigéria au sein d’Amnesty International, a exprimé sa consternation face à la détention de nombreux individus, y compris des mineurs, dans des cellules sales et surpeuplées, certains n’ayant jamais été présentés à une autorité judiciaire.
Le constat est alarmant : trois prisonniers sur cinq attendent d’être jugés, parfois depuis plus de huit ans, dans des conditions déplorables marquées par l’insalubrité et un manque criant d’hygiène. Les prisons visitées par Amnesty International révèlent une réalité sombre où la promiscuité et le manque de ressources pour la réinsertion des prisonniers exacerbent une situation déjà critique. Les détenus, y compris des adolescents détenus avec des adultes, font face à une négligence systématique qui met en péril leur réinsertion sociale et leur bien-être.
Amnesty International a appelé le gouvernement nigérian à allouer d’urgence les fonds nécessaires pour améliorer ces conditions et garantir un procès dans un délai raisonnable pour tous les détenus. Les chercheurs ont également souligné la corruption endémique, qui voit des consultations médicales et des médicaments être distribués en échange de pots-de-vin, reflétant ainsi les difficultés économiques que rencontrent également les gardiens de prison, très peu rémunérés.
Ces révélations confirment les conclusions de diverses commissions et organisations qui ont déjà dénoncé la situation déplorable des prisons nigérianes. Michael Bochenek, directeur des politiques à Amnesty International, insiste sur la nécessité pour le gouvernement nigérian d’agir urgemment face à cette misère humaine et cette injustice flagrante. Un rapport complet sur les conclusions d’Amnesty International est attendu plus tard dans l’année, dans l’espoir de catalyser un changement significatif dans le système carcéral nigérian.
