Nigeria : des milliers des personnes sans domicile fixe du jour au lendemain


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Un rapport publié ce lundi 12 août 2013 par Amnesty International, dénonce les expulsions forcées dans l’Etat de Lagos, au Nigeria. Ces expulsions qui se font sous couvert de projets urbains sont illégales, d’après la défense des Droits de l’Homme qui demande l’arrêt immédiat des travaux. L’Etat du Lagos continue à nier ces accusations.

Les clichés révélés par Amnesty International montrent clairement qu’une zone densément peuplée a été complètement rasée, ce que niaient les autorités nigérianes. Pourtant, les intentions affichées auparavant par l’Etat nigérian laissaient entendre un plan de « revitalisation » de la ville de Lagos – la plus peuplée du Nigeria – avec ses 15 millions d’habitants. Mais les démolitions ont fait des victimes parmi les 9 000 résidents de Badia-Est, qui ont perdu leurs domiciles ou « leurs moyens de subsistance ». « L’expulsion forcée de février 2013 a eu des effets dévastateurs sur la population de Badia-Est, où des dizaines de personnes continuent à dormir dehors ou sous un pont (non loin de la zone), exposées à la pluie, aux piqûres de moustiques et aux agressions physiques », fait constater Oluwatosin Popoola, Chercheur de l’équipe nigériane du secrétariat international d’Amnesty International.

La population condamnée dans la rue

Le rapport accompagné d’images fait état de l’impact destructeur des expulsions de la population. Le programme de démolition qui a débuté le 23 février prévoit de faire place nette à Badia-Est, afin de « réaménager » la zone. Selon Amnesty International et l’organisation nigériane SERAC, si tout se passe comme l’a prévu la première phase du projet ; « des dizaines de milliers de personnes risquent d’être expulsées de force et de se retrouver sans ressources ». En effet, des milliers des personnes seraient déjà victime de cette politique de « réaménagement ». Des nombreuses familles dont les maisons et les petits commerces ont été détruits le 23 février dernier ont témoigné à quel point elles sont désormais dépendantes des autres membres de leurs familles et amis dans leur quotidien. Certains, d’après des sources d’associations de la défense ont dit avoir contracté le paludisme ou la fièvre typhoïde depuis qu’elles vivent dans la rue. Se sentant aussi exclus des coûts des soins et autres médicaments.

Le gouvernement nie les accusations

Bien que les images satellites d’Amnesty International soient explicites, l’Etat de Lagos s’en défend d’appliquer une politique répressive envers ses habitants. De ce fait, les autorités nigérianes tentent tant bien que mal d’exposer le côté rénovateur du projet, en oubliant la caractère inhumain et pervers de cette initiative qui a pourri la vie de milliers de personnes. Le procureur général de l’Etat de Lagos a admis que des personnes avaient été expulsées lorsque la zone a été dégagée. Une version différente de celle donnée par le Commissaire au logement qui a clairement déclaré à Amnesty International que la zone déblayée lors des démolitions n’abritait aucun logement et n’était qu’une décharge.
Des arguments qui ne correspondent pas aux images diffusées par l’organisation internationale. Des clichés pris avant et après la démolition montrent bien des zones d’habitations existantes avant le passage des bulldozers. 266 structures servant de logements et de commerces ont été complètement rasés, ce qui concerne environ 2 237 foyers. Les deux organisations (Amnesty International et SERAC) se joignent pour demander l’arrêt immédiat de ces démolitions. Une mère victime de cette « violation de loi » a fait état de son mal-être dans cette situation catastrophique, qui fait aussi grimper l’insécurité dans la région. D’où l’objet d’Amnesty International de travailler avec des organisations locales pour mettre en place des recours en justice.

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